Des « coups de pompe », nous en avons tous, accompagnés parfois d’une perte de contrôle et de sens. Comment nous reconnecter à notre souffle de vie ?
Débrancher.
Si nous n'y prenons pas garde, la vie nous use parfois à petit feu, jusqu’à ce qu'un matin, tout devienne insurmontable : se lever, faire les courses, aller travailler... Même prendre soin de soi paraît hors de portée. La sensibilité à fleur de peau, le moral dans les chaussettes, l'énergie à zéro, nous sommes épuisés, émotionnellement, physiquement, intellectuellement. Au quotidien, nous courons d'activité en activité, les technologies nous rendent joignables en permanence. « L'interruption incessante favorise la déstabilisation psychologique », indique la naturopathe et psycho-thérapeute Odile Chabrillac dans Gérer son énergie même quand on est à plat.
Première urgence : débrancher, «trouver des espaces de sécurité pour décompresser et se préserver». Extrayez-vous du brouhaha environnant, mettez-vous à l'écoute de votre corps, plongez dans un bain chaud, faites bouger tout doucement, en conscience, vos orteils, vos doigts, votre nuque, vos poignets. «Le simple fait de penser et de passer à autre chose défatigue». Privilégiez l'instant présent, lisez, regardez un film, dessinez, amusez-vous à toucher des objets ou à goûter des aliments les yeux fermés. «Aiguiser nos sens, inviter l'art et la création dans notre vie nous enrichit et nous détourne des tâches utilitaires et chronométrées». Puis couchez-vous tôt, car «retrouver un sommeil réparateur est une priorité». Si vos pensées vous empêchent de dormir, pratiquez quelques exercices de relaxation.
Se connecter à son souffle.
Les sagesses traditionnelles ne s'y sont pas trompées : il est important de ménager dans nos vies des périodes de disponibilité.
Prenez le shabbat : tous les vendredis soirs, le rituel invite à cesser ses occupations «de production et de domination sur le monde» pour se mettre en retrait, se relier à soi, adopter un rapport plus contemplatif à l'univers, «se libérer de la contrainte du temps pour l'accueil de l'autre, et si cela nous parle, du Tout-Autre», indique Odile Chabrillac. Comme l'ont compris les yogis, des exercices de respiration peuvent aussi nous connecter au souffle vital qui nous entoure, et nourrir notre être de sa force.
Faites l'expérience : asseyez-vous confortablement, relâchez les épaules, inspirez profondément pendant 5 secondes, expirez pendant 5 autres, puis poursuivez ainsi 5 minutes. (Cohérence cardiaque). Ressentez comment l'inspiration vous procure de l'énergie, comment l'expiration évacue les tensions. «En respirant calmement, vous indiquez à votre cerveau que vous êtes maître de vous-même. Par ricochet, celui-ci envoie des messages au reste du corps annonçant que tout est calme et qu’il peut de détendre», commente Odile Chabrillac. Se concentrer sur sa respiration est aussi une excellente technique de méditation. Pendant quelques minutes, suivez le rythme de votre souffle. Petit à petit, un sentiment de vitalité sereine devrait vous habiter.
Faire circuler.
Si vous vous sentez abattu, isolé, si vous glissez vers la rumination mentale, voyez vos amis, sortez vous balader, installez-vous dans un café chaleureux, appréciez son ambiance, sirotez quelque chose qui vous fait plaisir. Bref, ouvrez vos capteurs aux bonnes vibrations. Puis, sans entrer dans une logique de performance, pratiquez «au moins 2 fois par semaine» une activité qui vous change les idées, active votre métabolisme, harmonise votre sphère émotionnelle et vous relie à votre intériorité : la marche, le chant, la danse, la natation, le tai-chi, le yoga, le qi gong... Pour faire circuler l'énergie, pensez aussi au magnétisme et aux massages, capables d’éliminer les tensions et contractures, de procurer une détente psychique et de rééquilibrer les flux d’énergies subtiles. Pensez aussi à l’harmonisation de votre lieu de vie : brûlez de l’encens, allumez une bougie en posant l’intention de «vous libérer des mauvaises énergies», intéressez-vous au Feng shui, selon lequel «de la bonne circulation du souffle vital dans notre environnement découleront une attitude, des pensées et des sentiments positifs susceptibles d’avoir un impact sur la santé, la vie familiale et professionnelle». Soyez également vigilant aux perturbations électromagnétiques, telles que « l’utilisation excessive de l’ordinateur et du téléphone portable, la proximité de lignes à haute tension, les antennes de téléphonie mobile ou l’absence de prise de terre sur les appareils électriques. Ceci s’évalue avec un appareil de mesure de la tension induite du corps.
Capturer les forces de la nature.
On le sait, on le sent: la nature, en nous rappelant à l'essence de la vie, en nous nourrissant de son énergie, a le pouvoir de nous régénérer. La lumière joue un rôle clé : profitez des beaux jours, baladez-vous de bon matin, posez-vous au soleil, dans un endroit dont vous appréciez l'ambiance et la paix. Sentez les rayons caresser votre peau, visualisez l'air entrer dans vos poumons, oxygéner vos tissus. Puis mettez le cap sur un coin de campagne, de mer ou de montagne, marchez pieds nus sur l'herbe fraîche ou sur le sable, sentez le parfum d'une fleur ou celui des embruns, écoutez le vent et les oiseaux, regardez le jour baisser... « En forêt, placez le pouce, l'index et le majeur contre l'humus, comme une prise à la terre », propose aussi Odile Chabrillac, puis-abandonnez-lui votre fatigue et vos tensions. Ou laissez-vous attirer par un arbre « puissant et sain », placez-vous contre lui, caressez son écorce, sentez sa force, imaginez que sa sève vous irrigue. Dans un objectif de ressourcement et d'ancrage, il est bon aussi de « faire naître l'arbre qui vibre en soi» ; debout, les pieds parallèles, les jambes légèrement écartées, les bras le long du corps ou ouverts en croix, imaginez que votre tête et vos bras sont ses ramures, que votre corps et vos jambes en sont le tronc, vos pieds les racines. Imaginez celles-ci s'enfoncer lentement dans le sol jusqu'au centre de la terre, « où se trouve un incroyable noyau d'énergie ». Rechargez-y vos batteries.
Trouver son moteur.
Tous les jours, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux », le D’ Coué recommandait-il de se dire. Imaginez votre formule personnelle, affirmative, porteuse d'une progression. Répétez-la au réveil, au coucher ou pendant vos temps de relaxation. Visualisez le résultat, ressentez le soulagement, la gratitude, la plénitude que vous en tirerez. Si vous vous sentez parasité par une colère, un ras-le-bol, une souffrance, écrivez-les, confiez-les à un thérapeute, « Un arbre, un enregistreur, peu importe», quiconque saura vous écouter sans vous juger. Et gardez confiance. « Tenez votre bilan journalier, conseille Odile Chabrillac, les éléments positifs d'un côté, les négatifs de l'autre. Vous verrez noir sur blanc ce que vous avez fait de bien. Une bonne image de soi agit comme une source d'énergie » et peut être un signe d'émancipation par rapport à ce qui vous bloque. Rapprochez-vous de vos aspirations profondes, osez explorer ce qui vous fait aborder le monde avec curiosité et enthousiasme. « Il y a en nous une énergie intérieure, créative et porteuse de dynamisme»; reste à savoir en alimenter le moteur, en retrouvant une «joie profonde, plus constante que les plaisirs éphémères ».
Changer de carburant.
Si notre énergie pâtit de notre façon de vivre, c’est aussi le cas de ce que nous ingérons. « Les modes de culture, d’élevage, de conditionnent et de conservation, de plus en plus industrialisés et chimiques, diminuent drastiquement la richesse en nutriments de notre alimentation », note Odile Chabrillac, ainsi que sa qualité vibratoire. Prenez conscience du contenu de vos assiettes, privilégiez des produits frais, bio et de saison : beaucoup de légumes, des fruits, une cuillerée d’oléagineux, des protéines peu grasses, un peu de céréales complètes ou semi-complètes, des épices…En cas de « coup de pompe », favorisez les produits riches en magnésium, en vitamine B et en oméga-3, ainsi que les compléments nutritionnels. Méfiez-vous des faux amis comme le café, le sucre, l’alcool ou le tabac, qui font du bien sur le moment mais masquent l »épuisement des ressources intérieures et empêchent un travail en profondeur. Allez-y pas à pas, accrochez-vous au plaisir de vous sentir sur la bonne voie.
Réjane EREAU
Source : Inexploré n° 23 juillet-août 2014