Du miel aux algues en passant par la menthe poivrée, la science confirme les propriétés de ces produits naturels et les remet au goût du jour.
Sur le dos, un duvet, mais rien dans le panier à provisions: c‘est la règle d'un “stage de survie douce”, organisé par le botaniste Francois Couplan. Les élèves y mènent une aventure d’un genre oublié: crapahuter en forêt à la recherche de plantes sauvages et comestibles pour remplir leurs gamelles. “La cueillette a été progressivement abandonnée par l'homme depuis le néolithique, il y a 10 O00 ans, lorsque nous nous sommes mis à cultiver. Le Moyen Age a sonné sa fin: il était alors autrement plus distingué de se nourrir d'aliments exotiques rapportés du monde entier lors d'expéditions, comme les petits pois, que de manger les choux et les panais sauvages du pauvre !», raconte Francois Couplan, qui emmène des groupes redécouvrir ces richesses oubliées.
La nature a pourtant son lot de bonnes surprises à offrir! Des légumes-feuilles, des racines des inflorescences, des fleurs. .. Rayées de nos connaissances, ce sont plus d'une soixantaine de plantes que les stagiaires de cet expert en végétaux apprennent à débusquer dans les vallées de Haute-Provence, de Suisse ou les plaines de la région parisienne. Le lierre terrestre leur tient lieu d‘apéritif, aux côtés de goûteux canapés aux orties. Sans parler du pesto de plantain qui accommode à merveille les pâtes le soir au coin du feu!
Aller chercher des plantes dans la nature est un acte thérapeutique en soi, parce qu'on retrouve une relation perdue avec les végétaux, et parce que cela fait du bien à l'organisme: les plantes sauvages regorgent de nutriments intéressants! L‘ortie contient sept fois plus de vitamine C que l‘orange, trois fois plus de fer que les épinards, autant de protéines que le soja», s'enthousiasme le spécialiste. Leur potentiel est aussi multiple, ainsi la tige de l’asperge sauvage est-elle comestible, tandis que ses racines. Médicinales sont diurétiques. L‘achillée millefeuille aide à régulariser les règles... tout en étant un parfait arôme pour une sauce à la crème!
Et si l’on n’est pas encore un Robinson expert de nos campagnes, peut-on tout de même profiter des bienfaits de la nature ?
Bien sûr et plutôt deux fois qu‘une, affirment les scientifiques qui étudient de très près, et approuvent, toute une moisson de remèdes naturels disponibles à découvrir (aussi en pharmacie ou en magasins bio) et à utiliser au quotidien.
Le miel pour éloigner les microbes. *
Avec les mauvais jours, c‘est votre gorge qui trinque '? N'hésitez plus, prenez une cuillerée de miel. Car ce remède de grand-mère a franchi avec succès l‘épreuve du labo. Ian Paul et ses collègues de l‘Université de Pensylvanie sont formels : en 2007, après avoir étudié l'évolution de symptômes d'enfants âgés de 2 a 18 ans, le miel s'est avéré plus efficace qu'un sirop antitussif pour calmer la toux. “Hippocrate avait intuitivement utilisé le miel pour traiter des septicémies, des maux dentaires, pour restaurer la peau ou réparer les brûlures. Nos études montrent aujourd‘hui que les miels ont bel et bien de très bonnes capacités antiseptiques» explique Eugenia Bezirtzoglou, chercheuse à l‘Université Démocrite de Thrace, à Orestiada, en Grèce. La spécialiste a étudié l’impact de 60 échantillons de miels originaires d'Europe. Leur cible ? Seize pathogènes, parmi lesquels des staphylocoques dorés, issus d‘un abcès dentaire ; des salmonelles, présentes dans de l‘eau potable; ou des bacilles, prélevés sur de la nourriture. Résultats: «Tous les miels ont présenté une activité antibactérienne, inhibant en partie Faction des microbes »., confirme la chercheuse. «Mais les miels de conifères sont les plus efficaces, suivis de ceux issus du thym, puis du citrus et enfin les miels multi fleurs». En France, au CHU de Limoges, le Pr Bemard Descottes fut pionnier dans les années 1980 de l’utilisation du miel de thym purifié sur les cicatrices et escarres. Comment le miel parvient-il à mener la vie dure aux microbes? C‘est ce qu‘a tenté de comprendre Rose Cooper, de l‘Université du pays de Galles, à Cardiff. Sous son microscope, le miel de Manuka, produit en Nouvelle-Zélande et reconnu pour ses propriétés antiseptiques, a révélé quelques secrets: il entraverait l’attachement des bactéries aux tissus fragilisés d‘une plaie et empêcherait la formation de biofilms, ces agrégats de micro-organismes qui les protègent contre les antibiotiques.
Les sangsues pour combattre l’arthrose.
Mieux que les analgésiques et les anti-inflammatoires, pour soulager les personnes qui souffrent d‘arthrose, appliquez Hirudo medicinalis, affirment des chercheurs allemands de l’Université de Duisburg-Essen. Qu‘est-ce qui se cache sous ce nom latin? Rien de moins que... la sangsue médicinale! En 2004, ils ont testé deux traitements sur des patients souffrant d‘arthrose du genou : les habituels soins médicamenteux, ou la pose pendant une heure quotidienne de 6 sangsues sur l‘articulation douloureuse. Les petits vertébrés ont gagné haut la main : les malades qui avaient bénéficié de leurs services souffraient moins que les autres dès le 7* jour de traitement, et les bienfaits étaient encore visibles 3 mois plus tard. Les sangsues sont de véritables pharmacopées vivantes : certes, elles aspirent le sang de leur victime, mais elles lui injectent en retour le contenu de leurs glandes salivaires, chargées de substances antimicrobiennes et antidouleur.
L’échinacée pour chasser les rhumes. *
Chaque année, ils nous clouent au lit 2 à 3 fois et peuvent être causés par plusieurs dizaines de virus différents. Dégoter un traitement efficace contre les rhumes est un vrai défi ! En 2007, des spécialistes de I‘Université du Connecticut se sont intéressés à Echinacea une herbacée originaire d'Amérique du Nord où elle est largement utilisée par les peuples autochtones. Verdict : consommée sous forme de pilules, de jus, voire en thé, elle réduit le risque de rhume de 58% et abaisse la durée moyenne du «coup de froid» de 1,4 jour.
Le curry indien pour booster le transit. *
Mangez des plats relevés au curcuma, au cumin, à la coriandre, au gingembre et autres épices typiques des currys indiens : contrairement aux idées reçues, votre système digestif ne s’en portera que mieux. Dans un article publié en 2004, des chercheurs indiens du Département de biochimie et de nutrition, à Mysore, identifient deux mécanismes par lesquels les condiments stimulent la digestion. D‘une par, ils améliorent l‘activité du foie afin qu’il sécrète plus de bile, vitale pour la digestion et l’absorption des lipides, et d‘autre part, ils renforcent l’activité des enzymes tout au long du tractus digestif. Résultat: une digestion plus rapide et moins de ballonnements.
Le gingembre contre les inflammations. *
Anti-inflammatoire, le gingembre ? Les médecines traditionnelles le pensaient depuis des siècles Un article publié en 2005 dans le Journal of Medicine Food l’affirme : le gingembre partage des propriétés avec les médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens Son action ? Il supprime la synthèse de prostaglandine, une hormone impliquée dans la formation de réponses inflammatoires dans l’organisme. Elle inhibe aussi l’induction de certains gènes jouant sur ces réponses, tels que ceux codant pour les cytokines, des molécules du système immunitaire.
L’argile pour calmer a digestion.* «Avec l'argile, on est très proche des nanotechnologies», affirme Michel Rautureau, docteur ès sciences physiques à l‘Université d‘Orléans et auteur de Argiles et Santé, éd. Lavoisier. Ce sédiment, issu de la dégradation de roches, est composé de minéraux de dimension inférieure à 2 micromètres! Ceux-ci s’organisent en feuillets. A la clé, des propriétés particulièrement adaptées pour réparer les déséquilibres stomacaux, qui résultent d’une perturbation du mucus protecteur recouvrant habituellement les parois digestives « Les préparations contenant de l‘argile agissent sur le bol alimentaire, dans lequel les ions responsables de l’acidité sont piégés par l’argile. Celui-ci a également la capacité de tapisser les parois de l’estomac : il remplace pour un temps le mucus, permettant aux tissus stomacaux de se reconstituer », explique-t-il.
Des jus pour conserver ses cellules en forme.
Le blender à smoothies de cet été peut jouer les prolongations dans votre cuisine cet automne: mettez-y du raisin, de la poire, de la canneberge, des fruits de la passion, de la prune, du kiwi, de la myrtille, de la grenade, du litchi, les derniers abricots de l’été, sans oublier l’ingrédient phare, Paçai, une petite baie rougeâtre en provenance d’Amérique du Sud. Selon les chercheurs du laboratoire Holgcr NIS, à Albena (Canada), cette mixture aurait des propriétés remarquables, conférées notamment par Paçai : elle protégerait les cellules du stress oxydatif, grâce aux anthocyanes Le sang des personnes soumises au test est sans appel zen moins de 2 h, leur taux d’antioxydants avait grimpé et la peroxydation des lipides, marqueur du stress oxydatif, avait été significativement inhibée.
Les eaux thermales pour calmer l’anxiété.
La solution pour noyer une inquiétude permanente et excessive, caractéristique du trouble d’anxiété généralisée (TAG)? Plonger dans un bain, profiter des jets de douche, boire de bonnes gorgées d’eau et se faire masser, le tout en version eau thermale. L’Association française pour la recherche thermale (Afreth) a publié un rapport comparant les effets d’une cure thermale et ceux de la prise de paroxétine pour traiter les TAG. «Il a été montré que la cure a des bénéfices supérieurs aux antidépresseurs, et cela de manière durable », explique Christian-François Roques, président du conseil scientifique de l’Afreth. Au cours de cette étude, les patients, en séjour à Bagnères-de-Bigorre, Néris-les-Bains, Saujon et Ussat-les-Bains, ont expérimenté huit semaines de traitement. Résultat: 56 % des personnes en cure avaient vu leur état s’améliorer, contre 28% parmi celles sous médicament. 22 % des curistes étaient même guéris, contre seulement 7 % chez les abonnés à la paroxétine ! « Les bénéfices des eaux thermales sont dus à des phénomènes physiques liées à l’immersion dans une eau chaude, mais aussi à des phénomènes chimiques La peau étant très perméable, les éléments constitutifs des eaux thermales peuvent passer au travers et agir au cœur des tissus, améliorant notamment le fonctionnement du système immunitaire, ou réduisant le stress, l’inflammation et la douleur», poursuit le spécialiste. Sans compter l’ « effet cure thermale » : le simple fait d’être éloigné de son quotidien et pris en charge dans un environnement serein améliore les indicateurs de forme.
Le thé vert pour protéger la peau*
Pour conserver une peau belle et saine même au cœur de l’automne, abusez donc du thé vert! C’est la conviction des scientifiques de l’université de Witten-Herdecke, en Allemagne, qui viennent de publier les résultats de leurs travaux. Leurs règles du jeu ? Pendant 12 semaines, des femmes ont bu, chaque jour, l’équivalent en thé vert de 1 402 mg de catéchines, un polyphénol naturel. Les chercheurs, eux, ont suivi l’évolution des caractéristiques de leur peau. Après deux semaines d’observation, le constat est sans appel: le débit sanguin est augmenté, l'oxygénation améliorée, et le derme réagit mieux aux agressions extérieures, telles que l‘exposition aux UV, en restant plus élastique et mieux hydraté. Côté protection, le thé noir n’est pas en reste. En 2009, des spécialistes de l’institut central de recherche technologique sur l’alimentation, en Inde, ont entrepris de répertorier les bienfaits des feuilles de Camélia sinensis (à l’origine de toutes les sortes de thé), lorsque celles-ci sont fanées et oxydées comme c’est le cas avec le thé noir, grâce à son influence sur la balance hormonale, cette boisson chouchoute, entre autres, notre tractus intestinal, améliorant sa motilité, ses capacités d’absorption et préservant sa microfaune.
La menthe poivrée et l’ylang-ylang pour réguler l’humeur.
Respirez un extrait d’huile essentielle de menthe poivrée ou ylang-ylang, et votre humeur ne sera pas la même : c‘est le jeu auquel près de 150 volontaires se sont prêtés avec des chercheurs britanniques de l’université de Northumbria, qui ont mis leur nez à contribution. Après avoir humé la première, leur attention s’est améliorée, de même que leurs capacités de mémoire. Tout l'inverse d’ylang-ylang qui, lui, ralentit les processus cognitifs, mais accroît le sentiment de calme, grâce à ses vertus relaxante, sédative et aphrodisiaque.
Les pépins de pamplemousse pour désinfecter. *
On savait son jus très riche en vitamine C. Mais ces dernières années, ce sont ses pépins, qualifiés d‘« antibiotiques naturels », qui ont envahi les rayons des parapharmacies. Découvertes par un médecin américain dans les années 1980. ses propriétés ont pu être vérifiées récemment sur Escherichia coli, par des biologistes de l’université A & M (Texas). Ils contiennent en fait des limonoïdes, des molécules actives qui agissent directement sur le fonctionnement de cette bactérie intestinale : elles empêchent les cellules microbiennes de communiquer et de s’organiser entre elles, limitant ainsi leurs effets. «Des recherches sur les bénéfices en termes de santé ont suggéré que les limonoïdes agissaient comme des anticancéreux, des anti cholestérol, des antivirus HIV. Les activités antimicrobiennes n‘avaient pas encore été documentées». rappellent les auteurs dans leur article. publié en juin 2010.
C'est chose faite.
Du persil frais pour se purifier. *
Pour venir à bout des infections urinaires, le persil est un diurétique naturel. Semée de mars à août, la plante se récolte trois mois plus tard. à condition de l'avoir bien arrosée. On peut la cultiver en pot toute l’année à l’intérieur, à l‘abri du froid. Posologie : 20 g de persil frais haché dans 2.5 l d'eau, laissez infuser 15 min et boire en 3 h.
Le thym contre les coups de froid. *
Thymus vulgaris, acheté en pot se met en terre au printemps Ses tiges se récoltent toute l'année. On peut les sécher et s‘en servir dès les premiers refroidissements : en infusion, elles ont des propriétés antiseptiques et antitussives qui permettent de calmer les affections respiratoires. Leur secret? Les terpènes quelles contiennent fluidifient les mucus.
Des plantes séchées pour calmer l’anxiété automnale.
La camomille (Chamomilla recutita) et l’herbe-aux-chats (Nepem cararia) sont relaxantes et sédatives Ces antistress se sèment des le printemps saupoudrés au jardin, dans les massifs ou même en pot. Les premières fleurs s’épanouissent de juin à septembre, l‘heure de la récolte. Pour les sécher, on les dépose sur un tamis, à l‘air libre. dans l’obscurité pour éviter les UV. Jetez une cuillerée à café de chacune dans l'eau bouillante, faites-les infuser, et buvez-en trois tasses par jour.
L’ortie contre l’anémie.
Rechargez vos batteries avec... la tisane de grande ortie. Ses feuilles permettent de lutter contre les anémies, car elles stimulent l’hématopoïèse (la fabrication de globules rouges). Elles sont aussi riches en minéraux (calcium. silicium ou potassium), vitamines, protéines, lipides et sucres. Pour les cueillir (avec des gants) au jardin ou en pot, semez les graines à la volée au printemps ou en été, dans une terre riche et travaillée, puis griffez-la pour les enfouir. Bien arrosées, les plantules apparaissent en deux semaines. Les feuilles, 50 par litre d‘eau, infusées 20 min. se prennent en cure de deux semaines
Le cynorrhodon pour la tonicité.
Ses baies rouges sont bourrées de vitamine C, de poly phénols et de caroténoïdes. Ces antioxydants présentent - entre autres - des propriétés anticancéreuses. On peut les récolter dès les premières gelées, les faire sécher et en consommer- en retirant bien le «poil à gratter» qu’ils contiennent - 3 ou 4 chaque matin. Rosa canina, plantée au printemps ou en automne, est facile à cultiver: rustique, cette plante résiste jusqu‘à -20 °C.
Des pissenlits pour un tube digestif sain.
La racine du pissenlit se récolte en automne : à cette période, elle est plus riche en inuline, un sucre complexe qui stimule l’activité des bactéries saprophytes du côlon. On la mange en salade ou en décoction : deux cuillerées à soupe de racines, bouillies 5 à 10 min et infusées 30 min. sont la base d'une bonne cure d’équilibrage de la flore intestinale.
Ça m’intéresse n° 367, Septembre 2011
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