Le radon, gaz radioactif présent naturellement dans les Vosges, est la deuxième cause de cancer du poumon dans le monde, après le tabac. En France, une nouvelle réglementation dresse une carte du risque à l'échelle des communes. Elle ne fait pas l'unanimité. Une histoire à découvrir en long format. Lire notre article dans l'édition de jeudi.
Le radon, gaz radioactif présent naturellement dans les Vosges, est la deuxième cause de cancer du poumon dans le monde, après le tabac. En France, une nouvelle réglementation dresse une carte du risque à l'échelle des communes. Elle ne fait pas l'unanimité.
Grégory Bortolotti passe de salle en salle, un petit carton à la main. L’école maternelle de Rupt-sur-Moselle est déserte ce mercredi. Le diagnostiqueur en profite pour installer de petits boîtiers noirs. Un dans la salle de sieste. Un autre dans la bibliothèque. À l’intérieur, un film va mesurer pour les deux prochains mois la présence de radon. La commune des Vosges se situe en catégorie 3, celle où le « potentiel radon » est le plus élevé, selon un arrêté paru cet été.
Si l’on s’y fie, l’Alsace n’est pas une terre à radon. La plupart des communes sont classées en catégorie 1. Comprendre : à risque faible. Pourtant, au début des années 2000, c’est dans de telles communes que des taux jusqu’à quatre fois supérieurs à la norme actuelle avaient été mesurés. Tout au long des décennies 1990-2000, 12 000 mesures sont effectuées en France, dans des établissements recevant du public (ERP – les écoles, les hôpitaux, les prisons), afin d’évaluer le risque sur la population. Des moyennes départementales sont calculées et 31 départements sont classés prioritaires.
Activité très élevée dans les écoles.
Ni le Bas-Rhin, ni le Haut-Rhin n’étaient dans le lot. Pourtant, au début des années 2000, des mesures effectuées à Pulversheim et Issenheim, mais aussi à Strasbourg, Eckbolsheim, Bischheim et Haguenau, montraient une activité radon très élevée dans les écoles. Le 20 septembre 2001, la Ddass du Haut-Rhin dépêche à Pulversheim une délégation pour rassurer les parents. « Le danger de taux tels que ceux que nous avons mesurés n’a pas été démontré pour l’instant », précise l’un des intervenants, même si les valeurs en question sont près de trois fois supérieures à la valeur limite de l’époque. Le BRGM est mandaté afin d’examiner ces cas « particuliers ». Ces communes, bas-rhinoises ou haut-rhinoises, sont toutes situées loin des zones montagneuses connues pour être riches en radon.
Pour Pulversheim, le rapport des experts est rendu en juin 2003. Il s’avère que sous l’école se trouvent des alluvions avec une concentration en uranium équivalente à celle des roches du massif vosgien. S’ajoutent à cette particularité des fissures dans le sol et dans la structure du bâtiment, avec un phénomène de « cheminée à radon » en hiver. Le gaz est littéralement aspiré en raison de la différence de température entre le sous-sol, froid, et les salles, chauffées… À Strasbourg, les experts géologues établissent, en 2010, un scénario différent. C’est à l’école de la Musau que les anomalies avaient été détectées. D’anciens sites industriels et de vieilles décharges d’avant-guerre sont pointés du doigt. Des déchets radioactifs pourraient être à l’origine d’une contamination au radon. Le gaz aurait, selon le BRGM, suivi les failles dans le sol pour ressortir dans l’école.
Pour la Criirad, l’association indépendante dont l’expertise dans le domaine de la radioactivité est reconnue, la méthode retenue pour déterminer le risque à l’échelle communale ne convient pas. L’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) explique s’être basé sur « le potentiel radon des formations géologiques », sans plus de détails, mais aussi sur les « caractéristiques particulières du sous-sol – failles, ouvrages miniers… » qui constituent des facteurs aggravants. Les mesures in situ des années précédentes ne sont, semble-t-il, plus prises en compte. « La carte n’intègre plus les caractéristiques de l’habitat », regrette Julien Syren. Dans son plan national de gestion du risque radon 2016-2019, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), le gendarme du nucléaire en France, semble reconnaître la faiblesse de la nouvelle carte : « Le zonage établi à partir du potentiel radon du sol ne permet pas de connaître directement […] l’exposition des personnes au radon […]. »
Ainsi, Pulversheim, Issenheim, Haguenau et Strasbourg sont aujourd’hui toutes situées en catégorie 1. « On n’est pas du tout concerné ! », lance Véronique Le Tan, chargée de mission Agenda 21 à Haguenau. Évoquant l’arrivée du BRGM dans la commune suite aux mesures anormales de 2001, elle ajoute : « On n’avait pas du tout compris cette histoire… » L’Agence régionale de santé (ARS) Grand Est, qui a remplacé les Ddass, est sur la même ligne : « Il est cohérent que ces communes soient classées en risque faible dans le classement actuel. » Le son de cloche est différent à Pulversheim. « Je me suis demandé s’ils avaient oublié le rapport du BRGM de 2003, note, ironique, Christian Horn. Les gens vont se dire qu’il n’y a pas de souci. » Une perplexité partagée par Julien Syren. « On peut se poser des questions sur ce classement… », juge l’expert de la Criirad.
Une information partielle du futur acheteur
Concrètement, le principe des mesures périodiques reste inchangé pour les ERP. L’obligation ne concerne que les communes en zone 3 et celles où des mesures antérieures ont montré un dépassement du seuil des 300 Bq/m3. Pulversheim continuera donc à mesurer le radon dans son école. Issenheim, Strasbourg, Haguenau, Bischheim et Eckbolsheim aussi. Par contre, les communes ayant échappé à la campagne de mesures des décennies 1990 et 2000 et qui ne sont pas en catégorie 3 n’ont aucune obligation légale.
En ce qui concerne les habitations, le fait de se situer dans une commune en catégorie 1 ou 2 ne signifie pas que le risque est nul ou faible. Comme le fait d’être en catégorie 3 ne veut pas dire que vous allez être plus exposé qu’ailleurs. Et deux maisons dans la même commune peuvent avoir des concentrations en radon différentes. « La nouvelle carte reste indicative, reconnaît Alain Rannou, adjoint au directeur de la santé à l’IRSN. Elle doit inciter les gens à faire des mesures chez eux. »
C’est relativement simple et peu cher, mais encore faut-il être au courant du risque. Depuis cet été, l’état des risques et des pollutions qui accompagne chaque vente ou location d’un bien immobilier a été mis à jour. Il intègre une courte mention relative au risque radon, qui n’informe le futur acheteur ou locataire que partiellement. Quant aux caractéristiques des logements qui favorisent la présence de radon, rien n’est prévu aujourd’hui côté réglementaire. Alain Rannou évoque une législation « pragmatique » et botte en touche : « Chaque citoyen doit prendre en compte sa situation. » Pour Julien Syren, ce sont les constructions semi-enterrées, ou celles équipées de puits canadiens, qui favorisent le plus le transfert du radon vers l’intérieur. L’ARS Grand Est, elle, met en avant ses actions de sensibilisation à destination des élus. Et le grand public ? « Nous l’informons via notre site internet », répond l’Agence régionale de santé. Une campagne de mesures dans les logements est aussi en cours de préparation. Elle sera menée en priorité dans les communes de catégorie 3.
Qu’est-ce que le radon ?
Le radon est un gaz radioactif naturel. Il a été découvert en 1900 par Friedrich Ernst Dorn. Il appartient aux chaînes radioactives naturelles dans lesquelles il est formé par la désintégration du radium. En condition normale de température et de pression, le radon est un gaz. Il est incolore et inodore.
Le radon 222 (222Rn, isotope du radon le plus abondant) se désintègre pour donner des « descendants » : polonium 218, puis plomb 214, bismuth 214, polonium 214, tous radioactifs, et enfin plomb 210, non radioactif.
Le radon est un gaz rare dont l’inhalation est à l’origine de problèmes de santé avérés. La composition du sol influe de façon importante sur la présence de radon que l’on retrouve par la suite dans les habitations. La législation française concernant le radon distingue les cas des lieux ouverts au public et des particuliers. Bien qu’il soit très difficile de l’éliminer à 100%, il existe différentes techniques pour abaisser la concentration du radon.
Comment éliminer le problème radon
Vous avez pratiqué un dépistage du radon dans votre habitation et le résultat est positif. Comment éliminer le problème radon dans votre maison ou votre appartement ? Il existe deux grands axes pour y remédier : la voie active et la voie passive
Éliminer le radon à 100% est quasiment impossible à faire. L’objectif des techniques de remédiation est de baisser suffisamment la concentration du radon pour qu’il ne représente plus un risque pour votre santé.
Éliminer le problème radon par voie active
Cela consiste à renouveler l’air intérieur, soit par l’aération naturelle en ouvrant fréquemment les fenêtres par exemple, soit par la mise en place de système de ventilation.
Éliminer le problème radon par voie passive
Le radon pénètre dans les bâtiments principalement par l’interface sol/bâtiment. Il est possible de limiter la pénétration du radon en colmatant les fissures, les joints, […] et/ou en installant des dalles béton (pour les sols en terre battue), des drains, de membranes étanches ou des dalles béton étanches dans les cas les plus sévères.
Une simple aération fréquente permet généralement de diminuer la concentration en radon si celle-ci se situe autour de 400 Bq.m-3. Pour des concentrations plus élevées, il peut être nécessaire de combiner plusieurs techniques (passive et active), afin d’obtenir des résultats satisfaisants. Pris en amont, et dès la construction lorsque cela est possible, il sera plus facile d’éliminer le problème radon et les interventions coûteront moins cher.
Guide pratique :
Pour éliminer le problème radon Santé-radon met à votre disposition un guide vous donnant des pistes pour éliminer le problème radon dans votre habitation.
Source : DNA du 22 novembre 2018
Bonus :
pour acheter des dosimètres et mesurer le radon à la maison, les sites recommandés par l'IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire)
Sur simple demande de votre part, je tiens à votre disposition (document pdf) :
les méthodes de remédiation et de prévention du radon dans l’habitat