Très souvent considérée comme un outil ésotérique, la radiesthésie n’a pas toujours bonne réputation. Instrument de divination pour les uns, escroquerie de rebouteux pour les autres, il semblerait pourtant que de nombreuses personnes s’en servent au quotidien. Histoire d’une pratique pas comme les autres.
À l’origine, le « pouvoir » de la radiesthésie serait de retrouver ce qui est perdu, de répondre à une question, de localiser une source d’eau, ou enfin de choisir un bon emplacement selon les forces telluriques, grâce à une perception « extrasensorielle ». Étrangement, ce sont deux abbés, l’abbé Bayard et l’abbé Bouly, qui donnèrent, au début du XXe siècle, le nom de « radiesthésie » à l’exercice de « divination » pratiqué à l’aide de l’un des deux outils principalement utilisés, le pendule ou les baguettes. Pour eux, cet « art » serait à mi-chemin entre l’utilisation de l’imagination et celui de la captation d’informations cachées, grâce aux radiations et à la sensibilité (du latin radius, rayon et du grec aisthêsis, sensibilité). Définition encore actuelle de nos jours, puisque le Larousse décrit la radiesthésie comme une « sensibilité à des rayonnements qui proviennent des objets ». On parle aussi de capacité à canaliser les vibrations émises par les objets, l’eau ou les personnes.
L’histoire d’une recherche
Le besoin vital de trouver de l’eau est sans doute à l’origine des premiers pas dans ce type de recherche. Des traces de ce qui s’appelait « la sourcellerie » apparaissent dans des documents chinois datant de 2 000 avant J.-C. où il serait question de sonder les souterrains grâce à des baguettes fourchues. L’empereur Yu Huang, fondateur de la dynastie des Hsia, était réputé pour ses capacités à trouver des minerais, de l’eau et des objets. En Égypte pharaonique, il semble que les prêtres utilisaient des boules percées ainsi que des baguettes. Ce savoir peut même être l’ancêtre de notre actuelle géobiologie, dans la volonté de construire des édifices en fonction des forces détectées dans le sol. Dans la Bible, Moïse fait sortir de l’eau du rocher grâce à son bâton. Romulus aurait construit Rome sur un emplacement indiqué par des baguettes de bois. Jules César utilisait des « porteurs de baguettes » pour établir les campements près des sources d’eau et l’empereur Flavien Valens (300 apr. J.-C.) des anneaux suspendus à des fils pour connaître le nom de ses conspirateurs. Bien entendu, l’usage de ce qui est alors appelé la rhabdomancie est condamné pendant l’Inquisition, puis le réformiste protestant Martin Luther l’interdit aussi fermement. Certains écrits alchimistes parlent du bois de noisetier, utilisé pour la recherche d’eau, et il se peut que la fameuse « baguette magique » ait pour ancêtre, ou comme cousine éloignée, la baguette de sourcier. Jacques Aymar utilise même la baguette avec laquelle il localise les sources pour résoudre un meurtre, ce qui le rend célèbre en 1692. « Malgré le rejet général de la rhabdomancie par la philosophie des Lumières, Thouvenel [médecin du roi] exprima un point de vue inédit à la fin du XVIIIe siècle, montrant les rapports évidents entre les phénomènes de la baguette divinatoire, du magnétisme et de l’électricité », rapporte Marc Aurive, spécialiste de la radiesthésie.
Des pistes d’explications scientifiques
Au fil du temps, le pendule est davantage utilisé que les baguettes. À l’origine sphère creuse reliée à la main par un fil, il serait plus précis dans ses « réponses ». Au début du XIXe siècle, les scientifiques Fortis et Ritter sont les premiers à introduire l’idée d’une influence électrique de l’homme sur le pendule. En 1808, Gerboin, professeur de la faculté de médecine de Strasbourg, fait de nombreuses expériences concluant que le phénomène est lié à une faculté « organo-électrique » de l’homme. Dès lors, toutes les études se divisent en deux : les recherches sur les radiations et le magnétisme d’un côté et de l’autre, les effets idéomoteurs de l’homme sur l’objet. Puis Chevreul, en 1810, introduit l’idée d’une influence de la pensée, volontaire ou non, sur le résultat du mouvement de l’objet. C’est cette suggestion, consciente ou inconsciente, qui jette définitivement le doute sur l’autonomie de la « réponse » en radiesthésie.
Dans les années 1940, ce sont les travaux de Léon Chaumery et d’André de Belizal, ingénieurs et radiesthésistes, qui poussent le plus loin l’étude du fonctionnement de la radiesthésie. Tranchant entre la tendance purement physique et celle uniquement mentale, ils tendent à croire que les deux se rejoignent : « La transformation et l’amplification de la radiation traversant le corps de l’homme par l’intermédiaire du fluide vital et dont le mécanisme se traduit, pour le moment du moins, par le mouvement d’un détecteur (pendule ou baguette), mouvement dont le sens d’interprétation peut donner au problème une solution exacte ou fausse », écrivent-ils dans leur ouvrage de référence Essai de radiesthésie vibratoire. Ils élaborent la théorie selon laquelle l’électro-magnétisme terrestre (force tellurique), passant par les pôles, est lié à l’énergie cosmique et est décomposable en ondes. Le corps humain serait l’intermédiaire nécessaire à la traduction de cette énergie. Ils construiront une pile radiesthésique pour étudier ce phénomène.
La dimension humaine
Marc Aurive, quant à lui, recense les explications physiques de captations d’ondes ou de rayons, mais suggère que la dimension humaine reste primordiale, et que certains « opérateurs » activeraient ainsi des capacités télépathiques. Une sorte d’échange d’inconscient à inconscient pourrait s’établir entre celui qui cherche l’information et celui qui la détient.
Certains “opérateurs” activeraient ainsi des capacités télépathiques.
Aujourd’hui, le radiesthésiste et formateur Gérard Grenet propose une explication qui réunit toutes ces études. D’un côté, il rappelle que tout notre environnement n’est qu’énergie vibratoire et que nous captons ces ondes en permanence, qu’elles émanent d’objets, de la Terre ou d’humains. D’un autre côté, il associe les capacités de l’inconscient qui gèrent le flux d’informations à l’intuition qui les interprète. Il explique : « Nos cellules agissent en émetteurs-récepteurs, véritables circuits oscillants qui émettent et reçoivent des ondes. Elles s’installent en un état de résonance appelée syntonie. Elles organisent alors leur vibration en phase avec la fréquence terrestre dite de Schumann, émergences d’ondes alpha au niveau du cerveau. » Lorsque l’on travaille avec le pendule, par exemple, et qu’avec l’entraînement, on est capable d’éteindre le mental, alors la résonance opère. Comme si le pendule c’était « nous » en plus fin, amplificateur de réception d’informations : « Notre corps est équipé de centres de récepteurs magnétiques. Lorsque je pense à quelqu’un, j’envoie un rayon et la personne reçoit le message inconsciemment et y répond. C’est cette vibration que le pendule amplifie », rajoute notre expert. La faculté intuitive fait le reste et il ne faut pas craindre d’influencer puisque ce sont nos capacités inconscientes qui, au contraire, éclairent le conscient. Il ajoute enfin que des « fluides plastiques », véritables traces qu’il appelle des rémanences, seraient laissés par les humains après leur passage dans un lieu. Celles-ci pourraient être lues par le pendule et délivrer des messages.
Quels usages aujourd’hui ?
Les usages de la radiesthésie, aujourd’hui, sont toujours tournés vers la recherche d’objets ou de personnes et peuvent s’étendre à une réorganisation géobiologique des espaces. En effet, le pendule aiderait à détecter les zones telluriques, les nœuds du réseau Hartmann, les passages de sources souterraines, ou encore les croisements du réseau Curry. Ainsi, l’habitat peut présenter des points optimum ou négatifs à prendre en considération. Le pendule permettrait également de faire des nettoyages en tout genre, lorsque l’on détecte des pollutions ou des nuisances, qu’elles soient internes ou externes.
Romulus aurait construit Rome sur un emplacement indiqué par des baguettes de bois.
De manière plus subtile, la radiesthésie pourrait servir à répondre à des questions personnelles, utiliser les informations inconscientes pour éclairer un chemin, porter à la connaissance des éléments encore enfouis chez le consultant, ou être un outil concret de l’intuition. Mais cet éventail d’interactions montre que pour un débutant, la prudence est de mise face aux interprétations à tirer de ces expériences. La diversité du public présent lors des stages de formation en radiesthésie animés par Gérard Grenet ne manque pas de surprendre. Tous types de professions, dont certaines très « cartésiennes », s’y côtoient : un comptable, un agriculteur ou encore un chirurgien- dentiste… « Au départ, j’étais intéressé par l’aspect géobiologie, mais j’ai envie d’étendre l’utilisation du pendule à l’utilisation des extraits de plantes sur les cultures, pour faire les bons choix », explique Hervé, agriculteur. Il peut être un outil qui rassure, dont l’utilisateur se sert pour confirmer son intuition. « L’utilisation de mon pendule me permet de rentrer dans un état alpha plus rapidement et de pouvoir me connecter afin de m’aider dans la prise de décision et m’orienter dans la bonne direction », explique Medhi, agent immobilier. À l’aide d’abaques précis (demi-cercles ou cercles entiers découpés en tranches avec des possibilités de réponses), le pendule peut guider l’utilisateur devant une palette de choix. « J’utilise mon pendule pour orienter le soin lorsque je fais du magnétisme. J’aimerais ensuite l’étendre à d’autres domaines comme les pierres », explique Marie, assistante de direction. Qu’elle soit intuitive ou magnétique, la radiesthésie continue aujourd’hui d’être un outil pour ceux qui souhaitent obtenir des réponses sans passer par le mental et ainsi étendre la possibilité des champs d’action.
EN PRATIQUE : Se former au pendule
Pour le radiesthésiste Gérard Grenet, l’utilisation du pendule est avant tout un entraînement et « c’est l’expérimentation qui forge la compétence ».
Il est important de consacrer 21 jours (le temps nécessaire pour installer ou désinstaller une habitude) à un rituel d’exercices, pour ancrer la pratique.
Ensuite, un protocole est également à suivre pour toute « consultation ».
S’interroger : avons-nous l’autorisation d’agir ? Est-ce juste ? En suis-je capable ? Établir une convention : cela permet de déterminer son « oui » et son « non ».
Vider le cerveau : « l’arrêt sur image génère la réponse automatique du pendule » en évitant l’autosuggestion.
Croire, c’est recevoir : plus on est dans une forme de confiance, plus on reçoit d’informations. Organiser un témoin : se caler sur un objet ou une photo.
Poser une question claire : sans induction de réponse.
Mais surtout, avancer prudemment et se faire accompagner de personnes plus expérimentées lorsque l’on débute, afin notamment de tester ses capacités.
SOURCE : INREES 27.09.18
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