Si les plantes semblent vivantes, qu'en est-il des pierres ? Il semblerait que les frontières entre les règnes soient plus subtiles qu'il n'y paraît...
Il y a quelques siècles à peine, la frontière entre le minéral et le vivant était mince. Pour les savants de la Renaissance, il était courant de penser que les pierres vivent, grandissent, se reproduisent et meurent. Dans son livre Voyage autour de la Terre, l'explorateur Jean de Mandeville, (XIV° siècle) se dit même témoin de la reproduction des diamants : « Ils croissent ensemble, mâles et femelles, et se nourrissent de la rosée du ciel ; ils conçoivent et font des petits à côté d'eux qui se multiplient et grandissent chaque année. » Jean-Paul Poirier est physicien, auteur de Le minéral et le vivant (Éd. Fayard). Dans un article publié dans la revue Medium, il explique qu'au siècle des Lumières, on croyait « à l'existence d'une grande Chaîne des Êtres reliant, sans aucune solution de continuité, la matière brute inorganisée aux végétaux, puis aux animaux, à l'homme et enfin à l'Être suprême. [.. .] Il s'ensuivait qu'il devait exister des êtres intermédiaires, non classables dans aucun des règnes, des minéraux-plantes, des plantes-animaux (les zoophytes), et que, si on ne connaissait pas encore les "chaînons manquants", on ne manquerait pas de les découvrir un jour. »
Leur interdépendance est en tout cas indubitable. Les organismes vivants sécrètent du minéral : les huîtres produisent des perles, nous des calculs rénaux. La silice est présente partout : chez l'homme, c'est, entre autres, un composant des tissus de soutien : peau, ongles, cheveux... À l'inverse, les minéraux ont précédé de plusieurs centaines d'années la vie, et ont joué un rôle décisif dans les réactions chimiques élémentaires qui ont présidé à son apparition. Pour autant, peut-on prêter au minéral le qualificatif de « vivant » ? Pour Vincent Lauvergne, chercheur indépendant, conférencier et alchimiste, cela ne fait pas doute : « Il évolue, grossit, change, il est modifié par son environnement. Mais il ne faut pas faire d'anthropomorphisme, le minéral n'a pas une conscience comme la nôtre. » Ce règne vit à son propre rythme, celui des temps géologiques. C'est un univers de métamorphoses lentes. « Ce n'est pas une conscience humaine, mais une conscience qui s'étale sur des millions d'années, et qui ne prend pas forcément en compte notre existence. » Comment envisager alors une forme de relation, malgré ce décalage temporel ? « Quand on met en veille notre plan matériel, en méditation, on se branche sur un sas que l'ésotérisme appelle le plan astral. Au niveau énergétique on peut alors communiquer avec les pierres, interagir de façon non verbale. » D'après lui, leur aspect énergétique est indissociable de leurs propriétés physiques. « On ne peut pas faire de litho-thérapie sans faire de minéralogie, sans savoir de quoi est composée la pierre et comment elle se forme. » Les vertus thérapeutiques des pierres sont connues depuis l'Égypte antique. Que ce soit pour rééquilibrer nos émotions ou soulager des maux physiques, elles nous influencent subtilement et ont certainement encore de nombreux secrets à révéler.
Source :Aurélie Aimé Printemps 2018 - N°38 - Inexploré
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