Selon le baromètre annuel de l’Avere, l’année 2018 affiche des records avec une hausse de 27 % des immatriculations de véhicules électriques légers en France. Mais le véhicule électrique est encore loin d’être représentatif dans le parc en circulation. Quelques vérités qui peuvent aider le consommateur à se faire son idée.
Le véhicule électrique d’aujourd’hui n’est plus réservé aux trajets quotidiens en ville. Il peut devenir le véhicule principal du foyer: les Français parcourent 29 km en moyenne chaque jour et 80% d’entre eux effectuent chaque jour moins de 50 km. Les véhicules électriques peuvent donc devenir des véhicules de tous les jours car leur autonomie est en constante évolution et peut atteindre 300 à 350 km/h en moyenne.
Ils approcheront, en 2019, les 500 km d’autonomie : de quoi couvrir les besoins des usagers ruraux. 90 % des recharges se font à domicile ou au travail sur une simple prise. Actuellement il existe 23 000 points de recharge accessibles au public en France. Les collectivités territoriales et le secteur privé continuent d’investir dans des réseaux de recharge. Ces points de recharge sont répartis sur 10 000 stations faisant de la France le troisième pays européen le mieux équipé. Ce qui représente 1 point de recharge pour 6 véhicules. Sur autoroute, il existe 900 bornes de recharge rapide permettant de récupérer 80% d’autonomie en 20 à 30 minutes pendant une pause
Des réseaux de recharge à très haute puissance sont en train de se déployer. Les bornes écologiques (6 000 €) et la prime à la conversion (PAC) rendent, actuellement, la voiture électrique accessible à un prix équivalent à celui d’un véhicule thermique. On peut acquérir un véhicule électrique à partir de 90 € par mois, batteries incluses grâce aux locations longue durée. En 2019, le montant de la PAC devrait être augmenté et le prix des véhicules électriques baisser. Les coûts de fabrication des batteries devraient diminuer de 52 % d’ici 2030.
Le coût de carburant est d'environ 6,16 € aux 100 km pour un modèle diesel et de 7,44 € pour un modèle à essence alors que le véhicule électrique coûte moins de 2 € aux 100 km. Il est donc bien plus économique qu’un modèle thermique. Beaucoup de villes offrent des bornes de stationnement gratuites. La recharge d’un véhicule électrique à domicile nécessite la même puissance que celle d’un chauffe-eau. La construction de nouveaux réacteurs nucléaires ne sera pas nécessaire. La recharge de nuit permettra de ne pas augmenter la production d’électricité, même avec 15,6 millions de véhicules électriques attendus en 2033, ce qui représentera 7 % de la production annuelle d’énergie. Une recharge intelligente consiste à recharger le véhicule aux heures creuses.
Le véhicule électrique accompagne le déploiement des énergies renouvelables en permettant d’utiliser ces énergies quand leur production est excédentaire, comme la nuit. D’autre part, la batterie embarquée pourra stocker de l’énergie et la restituer au réseau électrique en cas de pic de production ou de la demande. Lorsque les batteries ne sont plus utilisables en mobilité, elles peuvent encore être utilisées dans le domaine du stockage de l’énergie ou servir de stockage-tampon pour les bâtiments à énergie positive. Les “terres rares” représentent 7 matières minérales utilisées depuis la fabrication des ampoules LED, les aspirateurs, les écrans d’ordinateur. À l’échelle mondiale, 26 % de la production de terres rares sont destinées aux véhicules thermiques pour raffiner le pétrole ou fabriquer des convertisseurs catalytiques pour les modèles diesel. Dans les véhicules électriques, elles sont utilisées pour fabriquer des carters ou des aimants équipant les moteurs de traction à un niveau de 30 % des composants. Elles ne sont pas présentes dans les batteries lithiumion. De nouvelles technologies ont été développées par les constructeurs pour pouvoir les remplacer.
La voiture électrique est dépendante du cobalt. 50 % des réserves mondiales se situent en République Démocratique du Congo, mais il en existe également en Australie, au Canada, en Russie. En Europe, il existe 230 gisements répertoriés. L’approvisionnement pourrait se tendre dès 2025 avec une demande deux fois supérieure à la production. Des alternatives aux besoins de cobalt sont en train d’être recherchées : réduire la teneur en cobalt, trouver des métaux de remplacement comme le nickel, plus abondant sur la terre, anticiper une filière de recyclage de batteries. Les batteries devront être recyclées dans l’économie circulaire. L’Union Européenne exige depuis 2006 de recycler 50 % des composants des batteries lithium. La filière du recyclage est déjà capable d’en recycler plus de 80 % et les premières batteries à recycler arriveraient pour 2025. De nouvelles techniques devraient permettre de les recycler à l’infini, assurant ainsi une indépendance vis-à-vis des pays producteurs, permettant de les inscrire dans l’économie circulaire.
Plus un véhicule électrique roule, plus son bilan carbone est bon car il n’émet du CO2 que dans sa phase fabrication et dans la production d’électricité. Même dans le cas d’une production d’électricité fortement carbonée comme en Pologne, le véhicule électrique émet 25 % de CO2 de moins que son équivalent thermique qui émet 120 g de CO2/km en moyenne. Ainsi, une voiture électrique roulant en France a un impact sur l’environnement 2 à 3 fois inférieur à un modèle thermique. Ce bilan positif pourra s’améliorer lorsqu’on aura mis au point la seconde vie des batteries en stockage des énergies renouvelables et leur recyclage.
Le véhicule électrique participe également à l’amélioration de la qualité de l’air puisqu’il n’émet ni oxyde d’azote ni particules fines. Il permet de réduire les particules émises par les pneus et les plaquettes de freins grâce au freinage récupératif et à ses pneus à faible résistance au roulement. Le véhicule électrique est un instrument efficace dans la lutte contre le changement climatique et la pollution atmosphérique, ainsi que de la transition énergétique.
ce bilan ne pourra que s'améliorer puisque le premier véhicule électrique est arrivé en concession en 2010 !
SOURCE : Par le Dr Michèle Muhlmann-Weill
ACA n° 193 - Avril 2019 (Automobile Club Alsace)
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