Zéro, chiffre pas si nul que ça !!
Quand le pape de l'an mille choisit les chiffres arabes Dans sa course vers le pouvoir suprême, Hugues Capet a bénéficié de l'appui de Gerbert d'Aurillac, directeur de l'école épiscopale rémoise. Un soutien de poids. En effet, Gerbert est considéré comme l'un des esprits les plus brillants et les plus novateurs de son temps. Cet Auvergnat a notamment inventé une sorte de machine à calculer qui utilisait des jetons et abandonnait les chiffres romains, trop compliqués, pour adopter ce qu'on a appelé « les chiffres arabes »... C'est en étudiant au monastère de Ripoll, en Catalogne, que le jeune moine, alors âgé de vingt ans, avait découvert cette numérotation faite de neuf signes plus le zéro... Une invention venue d'Inde, importée en Espagne par les Arabes. Gerbert va faire connaître à l'Europe chrétienne cette manière de compter, tellement plus simple que les chiffres romains, et qui facilite grandement les calculs un peu complexes, surtout grâce au zéro ! Ce signe 0, on l'appelle alors sifr, mot dérivé d'un terme arabe qui signifie vide. Mais dès le XV° siècle, c'est le mot italien zéro qui s'imposera. Et le sifr, devenu « chiffre », prendra un sens plus global.
Quant à Gerbert, après avoir étudié la théologie, la philosophie, l'astrologie, les mathématiques et quelques autres matières, il a fait preuve d'une stratégie politique assez subtile et efficace pour peser sur son ancien élève Otton III, l'empereur germanique, et se faire élire au trône de saint Pierre en 999 sous le nom de Sylvestre II. Il fut le pape de l'an mille... nombre que l'on n'écrivait pas encore avec trois zéros. Les changements s'amorcent toujours lentement.
Quelques exemples :
Chiffres romains
X
C
L
M
Chiffres arabes
10
100
50
1000
Écriture
dix
cent
cinquante
mille
Cela évoque des vieux souvenirs scolaires !
SOURCE : Lorànt Deutsch « romanesque »