Une nouvelle norme de téléphonie mobile succède à la 4G. Elle est lancée en décembre 2020. Elle est déjà en vigueur en Asie, aux États-Unis et dans plusieurs pays européens. Les quatre opérateurs mobiles français ont décidé de la déployer. L'installation de milliers d'antennes dans les années à venir suscite des craintes pour la santé tandis que les défenseurs de l'environnement dénoncent une technologie gourmande en énergie.
Quelques secondes pour télécharger une série sur son téléphone, des millions d'objets connectés entre eux... Pendant que les spécialistes annoncent une révolution, les polémiques enflent.
Source : ça m'intéresse n° 476 - octobre 2020
En matière de santé, elle rendra possible le diagnostic à distance en temps réel (d'où l'intérêt d'un délai de latence très bref), l'envoi de radiographies, l'utilisation de robots pour prendre la température ou distribuer les médicaments. Dans les chaînes logistiques ou les services d'urgences, elle permettra de gagner du temps et d'éviter les pénuries. «Souvenez-vous des rayons de pâtes et de farines vides dans nos supermarchés ! Et l'explosion au Liban: imaginez que des experts reçoivent des images et puissent orienter à distance les secouristes.
Au début de la commercialisation, la 5G ressemblera à une 4G améliorée, permettant aux utilisateurs un simple gain en débit. Ce n'est qu'à partir de 2023 que la nouvelle génération devrait atteindre sa pleine puissance
Grâce aux caméras à 360 degrés, on peut placer le spectateur au cœur d'un match de football. Il peut choisir sa position dans le stade, parmi les footballeurs, modifier différents angles de vue et partager instantanément cette expérience avec ses amis. L'utilisateur vit ce que vivent les joueurs. On pourra faire la même chose à Roland-Garros, lors d'une étape du Tour de France ou dans un concert
Des industriels prêts à jouer le jeu. Contrairement aux générations précédentes, les opportunités de la 5G s'avèrent plus importantes pour les industriels que pour les particuliers.
La 5G permettra de développer des navettes intelligentes sans chauffeur sur des parcours dédiés. L'Ile-de-France a dégagé 100 millions d'euros pour devenir la première région mondiale du véhicule autonome.
PSA, propriétaire de Peugeot et Citroën, a lancé des essais en Chine. « En Allemagne, les constructeurs automobiles et leurs équipementiers, comme Bosch, ont réclamé des fréquences.
Mais contrairement à ce que l'on peut lire ici et là, la 5G ne pilotera pas les voitures sur les routes: du fait de sa portée réduite, il faudrait une antenne tous les 300 mètres !
Qui aura accès à ce nouveau réseau?
il faut juste savoir que la 4G utilise des fréquences basses qui ont une large propagation, que l'on associe à des fréquences un peu plus hautes pour obtenir un débit supérieur. Pour offrir davantage de débit à leurs futurs abonnés 5G, ces opérateurs se sont partagé via des enchères, une bande de fréquences plus élevées (3,4 - 3,8 GHz) qui offre un bon compromis entre débit et couverture.
La 5G n'est pas faite pour couvrir tout le pays. En France, c'est prévu pour 2030, mais on ne couvrira pas les zones rurales, ce n'est pas utile !!!!!
Si la quasi-totalité de la population reçoit la 4G, on constate que, selon les opérateurs, 12 à 17 % du territoire ne sont pas encore couverts. (Arcep, 2019).
La montée du streaming En 2005, le visionnage de vidéos occupait 3% de la bande passante. En 2020, ce chiffre a atteint 80 %. À lui seul, Netflix mobilise un quart de la bande passante. (Cisco et rapport annuel de l'Arcep, 2020)
Faut-il craindre l'exposition aux ondes?
La feuille de route établie par le gouvernement français en 2018 se veut rassurante. Les limites d'exposition aux champs électromagnétiques sont fixées par le cadre réglementaire et s'appliquent indépendamment de la technologie (2G, 3G, 4G ou 5G). Les réseaux 5G qui seront déployés devront respecter ces limites, précise-t-elle. Insuffisant pour Stephen Kerckhove, délégué général d'Agir pour l'environnement: « Cette réglementation a fixé des valeurs d'exposition qui évitent juste les risques de brûlure. Ce sont des effets thermiques. Les expositions les plus fortes identifiées se situent autour de 15 volts par mètre. La 5G se situant à hauteur de 6 volts par mètre, ce seuil ne sera pas atteint, mais cela ne veut pas dire que le danger est nul.» Son association a déposé des recours devant le Conseil d'État. «Nous reprochons au gouvernement d'avoir lancé un vaste programme technologique sans avoir évalué au préalable ses effets sur la santé, ni même sollicité un débat sur la question.» Depuis janvier 2020, l'Agence de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) travaille avec l'Agence nationale des fréquences (ANFR) à la rédaction d'un rapport sur les retombées sanitaires de la 5G, commandé par le gouvernement et attendu au premier trimestre 2021. «Nous ne pouvons démontrer pour l'heure qu'il n'y a pas de risques [...].
Les pouvoirs publics sont dans une situation inconfortable, car la science ne peut pas donner de réponse tranchée », a admis Olivier Merckel, chef de l'unité d'évaluation des risques liés aux agents physiques de l'Anses, lors d'une table ronde au Sénat le 1er juillet. Si tant est que les craintes soient éteintes à la lecture du rapport de l'Anses, elles resurgiront dans quelques années, quand la 5G utilisera les ondes à très hautes fréquences (26 GHz), qui offrent une capacité d'un gigaoctet à la seconde mais dont la portée ne dépasse pas les 200 à 300 mètres. Discrètes, elles baliseront le paysage, accrochées à un lampadaire ou un abribus, en particulier dans les centres-villes et les zones d'activité.
L'environnement va-t-il en pâtir?
Dans la mesure où son déploiement nécessite l'installation de milliers de nouvelles antennes, et que de nombreux objets connectés verront le jour, la 5G entraînera un alourdissement du bilan carbone.
S'y ajoutent les millions de smartphones à recycler (au mieux) car non compatibles 5G.
L'avènement des objets connectés conduira à une explosion des usages, donc des besoins en énergie. Même si la 5G consomme, à usage égal, 30 à 40 % moins d'énergie que la 4G il n'est pas certain que cette efficacité compense la hausse de consommation énergétique. Ces incertitudes empêchent la tenue d'un débat public, indispensable pour déterminer si les citoyens veulent et ont réellement besoin de la 5G, regrette Louise Vialard, élue en charge du numérique à Nantes (Loire-Atlantique). Les membres de la Convention citoyenne pour le climat avaient voté pour un moratoire sur la 5G, pour lequel le gouvernement a utilisé un joker.
Déployer massivement la 5G revient à signer pour l'ensemble des technologies qu'elle tire dans sa traîne.
Pourquoi tant de controverses?
Au printemps, les vidéos dénonçant le rôle de la 5G dans la propagation de la pandémie ont envahi les réseaux sociaux. L'une et l'autre ont en commun d'être invisibles mais, à ce jour, seul le Covid s'avère nocif. Les accusations d'espionnage lancées par le président Trump à l'encontre de l'équipementier chinois Huawei, premier vendeur de smart-phones et d'équipements télécoms au monde, ont renforcé les craintes. Craintes semble-t-il justifiées concernant la sécurité : l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information a demandé à Bouygues Telecom de retirer 3000 de ses antennes dans les grandes villes et les zones sensibles d'ici à 2028. L'Observatoire Viavoice-GCF sur le futur a sondé l'opinion des Français. Seuls 27% considèrent la 5G comme une source d'espoir (soit 12 points de moins que lors de la précédente étude), tandis qu'elle est une source de craintes pour 29%, à égalité avec la reconnaissance faciale. « On vit dans des sociétés de plus en plus fragmentées, avec des groupes sociaux qui ont des visions très différentes, voire concurrentes, estime François Miquet-Marty, président de Viavoice.
Une partie des promoteurs de la 5G considèrent de manière naturelle que l'innovation technologique permet d'améliorer la vie des gens. D'autres voient la 5G comme une course folle. Cette vitesse n'est ni acceptée ni souhaitée par ceux qui estiment que la course technologique peut être préjudiciable à la vie en commun, à la santé, d'où la nécessité de partager, de sensibiliser, d'organiser des échanges, des débats pour comprendre ce que ce bouleversement technologique va apporter aux Français demain. » Le joker avancé face aux 150 citoyens de la Convention climat a peut-être été une occasion manquée.
ça m'intéresse n° 476 - octobre 2020
Ce qu'il faut retenir :
Une nouvelle norme de téléphonie mobile, la 5G, va être lancée dans certaines villes, sans que l'on sache vraiment quelles possibilités elle offrira.
Ses capacités augmenteront au fil des années, avec l'obtention par les opérateurs de nouvelles fréquences. À terme, cette 5G sera capable de connecter entre eux des millions d'objets à travers e monde, cette norme étant universellement compatible. Les nouveaux usages destinés au grand public sont encore à l'état de tests et visent pour l'instant la vidéo ou la réalité virtuelle.
Alors que plusieurs maires de métropoles (Nantes, Marseille, Grenoble...) réclament un moratoire sur la 5G pour organiser un débat public, plusieurs villes sont déjà équipées en antennes, en général posées sur les pylônes existants.
Pour aller plus loin
ARCEP : Le dossier exhaustif réalisé par « le gendarme des télécoms», l'Arcep, récapitule les étapes qui ont conduit à l'arrivée de la 5G en 2020.
Le rapport du chercheur Gauthier Roussilhe fait le tour du sujet et des controverses qui l'entourent.
Les futures antennes 5G, plus nombreuses mais plus petites, seront plus faciles à cacher dans le mobilier urbain (abribus, lampadaires, panneaux publicitaires...).
Ici, à Dubai, elles ont été déguisées en palmiers !
Conduite assistée
La 5G ne pilotera pas les voitures autonomes (il faudrait trop d'antennes), mais elle fournira des informations aux passagers.
Des fréquences de plus en plus hautes.
La 5G fera ses débuts sur la bande de 3,5 GHz, la seule disponible à cette date, proche de celle du wi-fi.
Dans quelques années, elle devrait disposer de la bande 26 GHz, dite bande millimétrique, qui permettra des débits inégalés. (ANFR)
A ce jour, d'après mes relevés sur la région strasbourgeoise, la G est déjà active :
les valeurs des ondes électromagnétiques hautes fréquences relevées avec mon appareil (GIGAHERTZ-Solutions HF35C) sont plus importantes, variables selon les lieux du relevé.