Les différents éléments - écorce, fleurs, bourgeons... - d'un arbre peuvent devenir des médicaments efficaces. Ci-dessous quelques pistes...
Nous avons encore beaucoup à apprendre d'eux, Respectons-les !
L'écorce de quinquina contre le paludisme. Au XVII° siècle, l'écorce de Cinchona officinalis - ou quinquina - est déjà connue pour faire baisser la fièvre. En 1820, deux Français en isolent une substance fondamentale : la quinine. Puis, vers 1930, des Allemands en conçoivent une version synthétique pour créer deux antipaludéens, dont la chloroquine.
Mise sur le marché en 1949 en France, elle a permis de lutter contre le paludisme mais s'est révélée inefficace contre le Covid-19.
Le sureau noir, un allié contre le rhume.
On emploie les feuilles, l'écorce ou les racines de cet arbuste sous différentes formes, en particulier en tisane et hydrolat. « Le sureau noir est utilisé depuis longtemps pour soigner les infections des voies respiratoires supérieures, les grippes et pour renforcer le système immunitaire », indique Karin Greiner, une biologiste allemande. Il aide aussi à soulager les problèmes rénaux, les rhumatismes et les sciatiques.
L'Organisation Mondiale de la Santé elle-même reconnaît cet usage traditionnel des fleurs de sureau noir « pour combattre la fièvre et comme expectorant ». Mais attention aux baies et graines qui peuvent être toxiques.
Le saule, précurseur de l'aspirine.
Dès l'Antiquité, le saule est utilisé comme antalgique, notamment pour lutter contre les douleurs de l'enfantement. En 1829, un pharmacien français, Pierre-Joseph Leroux, réussit à isoler des cristaux solubles de salicine à partir de son écorce. Le remède est alors jugé efficace contre la fièvre. Une dizaine d'années plus tard, un chimiste napolitain parvient à synthétiser de l'acide salicylique. En 1899, le laboratoire allemand Bayer commercialise l'aspirine sous forme de poudre. Les comprimés apparaissent en 1915. C'est aujourd'hui encore l'un des antalgiques et des anti-inflammatoires les plus prescrits dans le monde.
Un conifère au cœur de la lutte contre le cancer.
En 1964, des chercheurs américains découvrent par hasard que des extraits d'écorce de l'if du Pacifique sont efficaces contre les tumeurs cancéreuses. En 1971, la substance capable de bloquer la prolifération des cellules cancéreuses, dénommée « taxol », est identifiée.
Mais il y a un hic : huit tonnes d'écorce séchée sont nécessaires pour obtenir 1 300 grammes de taxol. Hors de question d'épuiser toutes les ressources du globe...) Des scientifiques du monde entier planchent alors sur le sujet. En 1979, une équipe française récolte suffisamment d'aiguilles d'if européen pour tenter une synthèse. Et les résultats sont là : le produit obtenu, un peu différent, est encore plus actif ! Des millions de personnes atteintes d'un cancer ont été traitées par le docétaxel depuis sa mise sur le marché, en 1995.
Le tilleul, plante miracle.
Cet arbre a depuis longtemps un statut de guérisseur, même si l'on est incapable d'expliquer scientifiquement la source de ses 5 vertus thérapeutiques », reconnaît Karin Greiner, spécialiste des arbres médicinaux.
Quoi qu'il en soit, ses indications ne manquent pas : infections fébriles, toux, palpitations, nervosité... Outre ses fleurs, le tilleul a d'autre atouts : son charbon de bois était jadis utilisé pour soigner les dents, son hydrolat pour la peau et contre les enflures, mais aussi pour transpirer en cas de fièvre. Aujourd'hui, il se consomme surtout en infusion, réputée calmante.
C'est prouvé la cannelle, une aide pour stimuler notre cerveau.
Particulièrement riche en antioxydants, vitamines et minéraux, la cannelle, épice réputée pour ses vertus anti-inflammatoires et antibactériennes, serait également un atout pour notre cerveau. Selon des chercheurs iraniens*, elle doperait nos fonctions cognitives et notre mémoire, et favoriserait particulièrement l'ap-prentissage.
*Étude publiée dans Nutritional Neuro-science, janvier 2023.
L'écorce de merisier contre le staphy-locoque doré.
Les propriétés de l'écorce de certains arbres intéressent la recherche médicale pour combattre les infections nosocomiales. Ces maladies contractées à l'hôpital via des bactéries devenues résistantes aux antibiotiques sont en effet à l'origine de nombreux décès. Une équipe de l'Institut de chimie moléculaire de Reims (Marne) étudie actuellement les vertus de dix espèces d'arbres. Parmi celles-ci, le merisier : son écorce tue certaines de ces bactéries, en particulier le célèbre et redouté staphylocoque doré, responsable de 14% des infections nosocomiales les plus graves.
Du tramadol offert par dame Nature ?
Ce médicament de synthèse, mis au point dans les années 1970 pour soulager les douleurs chroniques et rebelles, aurait été (re)découvert par hasard dans un arbre africain. La nature plus forte que la chimie ? C'est un directeur de recherche de l'Inserm qui, en 2013, lors d'une étude sur le pêcher africain Sarcocephalus latifolius- présent en Afrique subsaharienne -, identifie une molécule similaire, avec une concentration en principes actifs très élevée. Si ces travaux sont confirmés, ce serait la première fois qu'un produit synthétisé par des chimistes serait repéré à l'état naturel.
Une molécule anticancéreuse dans le bouleau blanc.
Au cœur de l'écorce blanche du bouleau verruqueux se cache un composé organique à haut potentiel : le bétulinol. « Les travaux sur cette molécule sont en cours depuis quinze ans déjà, indique Jacques Fleurentin, pharmacien et président de la Société française d'ethnopharmacologie. Des études cliniques viennent de démontrer son efficacité sur certains cancers de la peau et du cerveau. » Point intéressant : le bétulinol serait actif sur les cellules cancéreuses sans abîmer les cellules saines.
Les arbres aussi produisent des huiles essentielles.
Il n'y a pas que les fleurs ou les herbacées qui servent à préparer des essences. Certaines sont en effet distillées à partir d'écorce, de fruits, de baie... Ainsi, les huiles essentielles d'arbre à thé (Melaleuca alternifolia), d'eucalyptus ou de citron sont respectivement réputées efficaces contre l'acné et les virus, les nausées et les bactéries.
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ça m'intéresse n°507