58 % des Français utilisent un Smartphone et 88% des foyers ont un four à micro-ondes. Les 16-30 ans utilisent leur téléphone 3 h 12 par jour, toutes activités confondues, soit 49 jours par an au total. La première loi encadrant l’exposition du public aux ondes électromagnétiques a été votée en 2015. Même s’il reste vague et peu contraignant pour les opérateurs, le principe de «sobriété» y a été introduit. Accro au mobile, même la nuit! Un tiers des Français utilisent leur Smartphone comme réveil. Et nombreux sont ceux qui s’endorment après avoir surfé ou regardé un film. Conséquences : un sommeil perturbé et une exposition continue aux ondes. 73 millions de cartes SIM étaient en service en France fin 2016. (Arcep) La moitié des ados téléphonent plus d’une demi-heure par jour 45 848 sites d’antennes relais sont présents en France (ANFR)
Pour en savoir plus : film témoignage diffusé sur Youtube (durée 25 minutes)
Plus les radiofréquences envahissent notre quotidien, plus elles suscitent la méfiance. Mais aucun consensus scientifique n’émerge. Par précaution, les associations demandent que les normes soient durcies.
Quel est le point commun entre un cottage dans les Highlands écossais, une yourte au bord d’une rivière portugaise ou une cabane dans les Alpes françaises ? Tous trois offrent des vacances of grid, entendez : sans réseau de communications. Pour quelques jours, fini le Wi-fi, le téléphone portable et la 4G! La tendance séduit, notamment pour assouvir le besoin de déconnexion de nos Smartphones et tablettes. Une autre raison peut pousser à les mettre au placard. Car ces appareils inquiètent de plus en plus : les ondes qu’ils émettent sont-elles dangereuses pour la santé? Les scientifiques peinent à répondre : ni «oui» ni «non», mais un cortège de conclusions pas toujours simples à décrypter. Entre pro et anti-ondes, la guerre fait rage. Les premiers soulignent que les milliers d’études réalisées n’établissent pas de risque évident. Les seconds en appellent au principe de précaution. La controverse née au début des années 2000 avec l’expansion du téléphone portable perdure alors que les antennes relais fleurissent et que les objets connectés se multiplient.
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Les téléphones, portables, premiers responsables de l’exposition.
Lignes à haute tension, antennes relais, boitiers Wi-fi, micro-ondes... de nombreux objets émettent des ondes. C’est inévitable : tout appareil électrique crée, dans son voisinage, un champ électromagnétique, lié au passage du courant. Personne ne colle son oreille à une plaque de cuisson ni ne dort avec sa cafetière sous l’oreiller. Mais à proximité de son téléphone portable, oui! «Les téléphones mobiles marquent un tournant dans l’histoire des préoccupations sanitaires dues a l’exposition aux champs électromagnétiques car, avec eux, les sources d’émission sont auprès du corps », explique Olivier Merckel, de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). Or l’intensité d’un champ électromagnétique, maximale prés de la source, diminue fortement lorsqu’on s’en éloigne: à 2 cm, elle est deux fois plus faible qu’à 1 cm! Tout dépend aussi de l’appareil : quand une personne se tient a 50 cm de son ordinateur, elle est exposée a 4 volts par mètre (V/m), et quand elle tient son téléphone à l’oreille, autour de 10 V/m.
Nous sommes en permanence plongés dans un bain d’ondes. En 2015, l’Agence nationale des fréquences (ANFR) a effectué prés de 3 500 mesures sur tout le territoire (parcs, lieux publics, maisons. . .). Résultat : dans neuf endroits sur dix, l’exposition reste inférieure à 1,5 V/m, bien moins que les normes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) — entre 28 et 87 V/m selon la fréquence d’émission des appareils Et dans seulement 16 cas, elle dépasse 6 V/m, considéré comme le seuil d’attention. 0r c’est bien la téléphonie mobile qui, dans 58 % des sites, contribue le plus à créer ces champs magnétiques.
Quid alors des antennes relais, souvent montrées du doigt ?
Une antenne GSM expose à 10 V/m quand on se tient face à elle, à une distance de 20 mètres (ce qui est rare puisqu’elles se trouvent sur les toits). Selon de nombreuses associations, l’exposition globalement moins forte mais permanente pour ceux qui vivent à proximité doit être prise en compte. C’est ce que l’on appelle l’effet cumulatif (l’accumulation progressive dans le corps des effets des ondes). Pourrait-il expliquer la survenue de cancers, comme certaines maladies en série le laissent penser? Par exemple, entre 2000 et 2008, neuf cancers ont été diagnostiqués chez des enfants scolarisés dans une école primaire de Draveil (Essonne) ainsi que chez six parents. Or l’école se trouvait près d’un bouquet d’antennes. Pourtant, l’Institut de veille sanitaire n’a pas trouvé de différence significative du nombre de cancers pédiatriques dans ce quartier par rapport a la moyenne nationale. Et l’effet cumulatif n’est pas encore reconnu par l’OMS, faute de preuves suffisantes.
« Chaque opérateur dispose de 10000 à 25000 sites d’antennes, explique Gilles Brégant, directeur général de l’ANFR. La probabilité d’en avoir une près de chez soi est donc forte. Mais le périmètre de sécurité entourant ces antennes, là où les émissions sont les plus fortes, est toujours rendu inaccessible au public. Nous sommes parfois confrontés à des situations où des communes veulent faire enlever une antenne relais pour protéger leurs habitants. Or quand la couverture est moins bonne, les téléphones émettent plus pour compenser, et an final on augmente le niveau d’exposition des utilisateurs!»
A court terme, les tissus chauffent. Avez-vous déjà eu les tempes qui chauffent lorsque vous passez un coup de fil ? C’est la conséquence principale du fonctionnement d’un téléphone : en émettant des ondes, il transmet aussi de l’énergie, laquelle échauffe les tissus de 0,1 °C, en l’occurrence la peau à proximité du portable. Cet effet localisé peut-il avoir des impacts plus profonds et durables ? Pas forcément : selon de nombreux experts, l’énergie serait absorbée par la peau et les autres tissus superficiels, limitant l’augmentation de température dans le cerveau ou au niveau d’autres organes. En 2013, I’Anses a étudié 308 articles scientifiques s’attardant sur d’autres effets biologiques causés par l’émission de champs électromagnétiques : augmentation des cellules en apoptose (une forme de suicide cellulaire), hausse d’un marqueur de l’inflammation, stress oxydant sur l’ADN des mitochondries (les machines à produire de l’énergie dans nos cellules), etc. Pour ces spécialistes, les preuves restent «limitées» ou «insuffisantes», sauf celles montrant une modification de l’activité du cerveau pendant le sommeil.
Ces effets biologiques, prouvés ou non, ont-ils pour autant des effets sanitaires ? Dans le cas du sommeil, l’activité cérébrale est modifiée, mais la qualité du repos ne semble pas affectée. «C’est toute la complexité du sujet, explique Olivier Merckel. Lorsqu’il fait chaud, le corps répond par un effet biologique, la transpiration. Mais pour autant, cet effet biologique n’a pas forcément d’effet sur notre état de santé. Avec les champs électromagnétiques, nous observons certains effets biologiques mais il n’est pas possible pour l’instant d’en conclure qu’ils ont un impact sur la santé. L’avancée de ces technologies est très rapide. Après la 2G et la 3G, la 4G est déjà là. Ces innovations imposent un rythme difficilement compatible avec celui de la recherche.»
Pourtant, des personnes de plus en plus nombreuses attestent qu’elles ressentent les effets des ondes : sommeil perturbé, sifflements dans les oreilles, troubles cardiaques et intestinaux, perte de l’équilibre... Les électro sensibles représenteraient 1,5 à 13,3 % de la population. « Ce phénomène est connu depuis 1936, quand un médecin allemand a remarqué des maux de têtes chez les personnes travaillant près d’antennes radio. Les témoignages s’accumulant avec le développement de ces technologies, il serait temps de s’y intéresser et de ne plus seulement compter les malades », explique Sophie Pelletier, de l’ONG Priartem/Electrosensibles de France. Si l’hypersensibilité aux ondes n’est pas clairement reconnue en France comme une maladie, pour la première fois en 2014, une plaignante souffrant de ce syndrome a obtenu une allocation adulte handicapé. «Les autorités commencent à reconnaitre certains signaux de risques et sont plus prudentes, poursuit Sophie Pelletier. Mais les avis officiels devraient être réactualisés afin de prendre en compte des études récentes amenant de nouvelles preuves.»
A long terme des formes rares de cancers.
En 2011 le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé les radiofréquences utilisées par les portables, le Wi-Fi, les antennes relais comme «cancérogènes possible». Cette classification, dite 2B, signifie qu’il pourrait y avoir un risque de cancer et qu’il faut le surveiller de près. Un an plus tôt, l’étude Interphone, pilotée par le CIRC et menée dans 13 pays, avait suggéré un risque accru de 40 % pour les gliomes (tumeur du système nerveux) et de 15 % pour les méningiomes (tumeur des méninges, en général bénigne) chez les gros utilisateurs du portable (plus de 1 640 heures d’appels dans une vie).
La tendance se confirme : en 2014, ce sont les chercheurs de l’unité Epidémiologie et bio statistiques de Bordeaux qui montrent que l’emploi fréquent du téléphone (plus de 896 heures d’appels dans une vie) serait associé au développement de tumeurs cérébrales. «Mais il s’agit d’une association et non pas d’un lien de cause a effet. Cela ne signifie donc pas qu’une personne utilisant massivement son téléphone portable développera une tumeur au cerveau», avait alors expliqué Isabelle Baldi, coauteur de ces travaux.
Les études sont en effet basées sur des données épidémiologiques qui comparent les facteurs propices au déclenchement d’une maladie (ici la durée des appels sur toute une vie) et la fréquence de cette maladie dans la population. «Ce n’est pas parce que nous montrons un lien au niveau épidémiologique que nous savons quels mécanismes entrent en jeu : au-delà des effets thermiques, on ne sait pas ce qu’il se passe. Mais le lien statistique est là», explique le Dr Kurt Straif, du CIRC. Pour montrer ce lien au niveau individuel, il faudrait par exemple comparer, sur une longue durée, les effets de l’exposition volontaire aux ondes sur un groupe de personnes avec ceux d’un groupe non expose : impossible sur un plan éthique! Alors, les chercheurs se rabattent sur l’étude de l’impact sur l’animal. En 2016, aux Etats-Unis,les chercheurs du National Toxicology Program ont mis en avant une incidence, faible mais existante, de tumeurs rares (le gliome cérébral et le schwannome cardiaque) chez des rats mâles exposés aux émissions de téléphonie mobile.
Les associations brandissent souvent le rapport BioInitiative réalisé en 2012 par un groupe international de scientifiques ayant examiné 1800 études.
Verdict : les risques liés à l’exposition chronique sont de plus en plus avérés. Les autorités, elles, se refusent à prendre en compte ce travail dans leurs avis, évoquant plusieurs biais : chapitres du rapport écrits par des chercheurs isolés et non par une expertise collective, sélection d’études pas assez fiables, conclusions exagérées. ..
Des risques accrus pour les enfants.
Malgré le flou autour des preuves, la protection des enfants est devenue un axe prioritaire. L’Anses a d’ailleurs lance l’alerte l’été dernier pour les moins de 6 ans. «Les premiers téléphones portables sont arrivés il y a vingt ans, pour les adultes, souligne Olivier Merckel. Ils sont maintenant entre les mains des enfants et nous n’avons aucun recul sur les effets de cette utilisation précoce et prolongée sur la durée de toute une vie.» Si les experts peinent à montrer les conséquences des radiofréquences sur les fonctions auditives des enfants, leur développement, leur système reproducteur ou immunitaire, ils concluent en revanche à un impact possible sur les fonctions cognitives : mémoire, attention, capacités psychomotrices et langage seraient altérés par l’exposition aux radiofréquences Pour mieux comprendre les effets, l’étude MobiKids menée dans 13 pays tente de mesurer l’exposition aux ondes de 2000 jeunes atteints de tumeurs cérébrales, grâce notamment à l’examen des relevés de leur consommation de portable sur plusieurs années.
Pour en savoir plus (sur ce site) : ces ondes qui menacent nos enfants.
Des normes d’exposition à revoir.
Et si la meilleure façon de se protéger consistait à réduire l’exposition à la source ? Pas si simple. En 2013,le comité opérationnel sur les ondes de téléphonie mobile a évalué l’impact d’une baisse d’exposition aux antennes relais à 0,6 V/m (soit une division par 100 pour les antennes 3G). Cette baisse entrainerait une perte de couverture de 80 % à Paris, 44 % à Grenoble et 37 % dans une ville de 5 000 habitants. Pour maintenir une qualité de réseau identique, il faudrait multiplier le nombre d’antennes par trois. Prévision qui ne plait guère aux opérateurs et pourrait faire peur aux riverains... «L’industrie tente de gagner du temps en entretenant une stratégie du doute, explique Sophie Pelletier. En attendant, il faut revoir les normes, peu contraignantes pour les fabricants et pas assez protectrices pour les usagers.» La loi sur les ondes de 2015 a déjà interdit le Wi-Fi dans les crèches et garderies. Mais pas dans les écoles ! Des villes prennent aussi de l’avance sur la législation, comme Pantin (Seine-Saint-Denis) qui limite les antennes à 0,6 V/m, ou Paris qui prévoit de plafonner l’exposition à 5 W/m. Les experts demandent aussi à ce que tous les appareils radioélectriques destinés aux enfants (tablette, robot télécommandé, etc.) soient soumis à des normes de sécurité.
Reste à réévaluer la pertinence du débit d’absorption spécifique (DAS), c’est-à-dire la quantité d’énergie absorbée sous forme de chaleur par la peau. Quand l’ANFR a examiné 166 téléphones entre 2012 et 2015, elle a détecté des failles. Certes, aucun appareil ne dépassait la norme de 2 watts par kilo (W/kg) lorsque la mesure était réalisée à 15 mm du corps Mais, quand elle était effectuée à son contact direct, 89 % des portables présentaient un DAS supérieur à 2W/kg, et un quart un DAS supérieur à 4 W/kg. A l’issue de ces tests, la réglementation a changé. Les fabricants doivent désormais mesurer le «DAS corps » à une distance de 0 à 5 mm (et non plus de 0 à 25 mm). Un bon début. Mais, trop souvent, c’est encore à chacun de prendre ses précautions pour s’affranchir un peu du bain d’ondes ambiant, sans forcément partir s’exiler dans les Highlands ou les sommets alpins I
Ce qu’il faut retenir :
Tout appareil électrique émet des ondes, mais plus on s’en éloigne, plus l’exposition baisse. Le téléphone est le plus problématique car il est souvent collé à l’oreille.
Il est très difficile de montrer les effets directs des champs électro- magnétiques sur l'organisme au niveau individuel. A l'échelle de la population, un lien entre certains cancers du cerveau et l'utilisation du portable a été montré. Le Centre international de recherche sur le cancer a classé les radiofréquences comme «cancérogènes possible».
Le syndrome d’électro-sensibilité dont souffre 1,5 à 13,3% de la population n’est pas encore reconnu comme une maladie. Les associations militent pour que les seuils de sécurité soient abaissés.
Sources :
Ça m’intéresse n°436, juin 2017
livres Au cœur des ondes, les champs électromagnétiques en question, Fabien Ndagijimana et Francois Gaudaire, éd. Dunod.
Champs électromagnétiques, environnement et santé, Anne Perrin et Martine Souques, éd. Springer.
sur ce site :
comment se protéger des ondes électromagnétiques
Internet
II suffit d’entrer son adresse sur ce site pour voir les mesures de champs électromagnétiques qui ont été réalisées à proximité, ainsi que l’emplacement des antennes relais, radars météo, etc.
www.cancer-environnement.fr/228-champs-electromagnetiques.ce.aspx
Sur le site élaboré par le Centre de lutte contre le cancer Léon Bérard, une page est dédiée aux champs électromagnétiques et à leurs impacts sanitaires.
Chaque situation est particulière.
En cas de doute, vous pouvez me contacter au 0698521724