Télépathie, magnétisme, psychokinèse, don d’invisibilité… Ces facultés, apanage jusqu’ici des héros de science-fiction,pourraient-elles être à notre portée à l’ avenir ? Les scientifiques qui font des recherches sur ce sujet ne l’excluent pas…
Quel rapport entre les X-Men, la physique quantique, l’évolution, Aldous Huxley et le Vedanta ? On pourrait aisément allonger la liste mais allons droit au but : il s’agit bien de nos « superpouvoirs ». Ces facultés de télépathie, de voyance, de médiumnité, de psychokinèse ou encore de voyage hors du corps sont surnaturelles, pensent les uns, alors que pour d’autres il s’agit de dispositions naturelles insuffisamment développées et encore trop largement « inexplorées ». En tout cas, l’omniprésence du « surhumain » dans le cinéma hollywoodien et dans l’univers fictionnel des séries télévisées et des jeux vidéo dit énormément de choses de l’époque. Le super-héros n’est-il pas le sauveur idéal d’une humanité en perdition ? Le surhumain n’est-il pas le plus apte à « survivre » ? Mais ces facultés existent-elles vraiment ?
Les données s’accumulent.
Certains en doutent encore mais, si elles sont moins spectaculaires que leur mise en fiction, la plupart de ces capacités ont fait l’objet de recherches scientifiques et leur existence a été démontrée de longue date, notamment par le recours aux statistiques. Les données s’accumulent depuis les premiers vrais travaux à la fin du XIXe siècle, mais les observations sur le « magnétisme » remontent au XVIIIe siècle. Les recherches sur la télépathie ont pris un essor important dès la fin des années 1920 aux États-Unis avec le Pr Joseph Banks Rhine, à qui l’on doit la formule de « perception extrasensorielle». Toutes les formes de voyance ont été testées dans de multiples conditions, y compris d’espionnage ! L’action des guérisseurs est aujourd’hui reconnue, y compris dans certains hôpitaux en France, où on l’utilise contre différents types de brûlure. Le chercheur allemand Stefan Schmidt a analysé trente-six études portant sur ce type « d’interaction à distance entre systèmes vivants » et a observé un effet global statistiquement significatif, au-delà du hasard.
Pour en savoir plus sur le magnétisme (sur ce site) :
L’Américain Dean Radin a montré dans plusieurs ouvrages que l’existence des phénomènes psi était attesté en avec plus de fiabilité statistique que l’efficacité de nombreux médicaments. Dans ce cas, pourquoi n’est-elle pas plus largement reconnue ? Une raison importante est que plusieurs théories et modèles physiques sont proposés depuis des années pour expliquer ces données, mais qu’aucun ne fait véritablement consensus. Y a-t-il un substrat, un support subtil qui permette la transmission d’informations de nature télépathique ? S’agit-il d’ondes d’une nature encore inconnue ? La voyance est-elle l’accès à un passé qui est encore là, ou à un futur qui est déjà là ? Dans ce cas, quelle est la véritable nature du temps ? La médiumnité est-elle la preuve de la survie de l’âme ? Le voyage hors du corps montre-t-il que nous existons dans plusieurs dimensions simultanément ? On voit combien ces questions sont vertigineuses et fascinantes, parce qu’elles sont une promesse de dépassement de la nature humaine « ordinaire ».
Méditation et yoga.
Pour autant, dans son livre Super Pouvoirs, science et yoga, Enquête sur les facultés humaines extraordinaires, Dean Radin rappelle que toutes ces facultés qui fascinent tant l’Occidental contemporain sont décrites depuis des millénaires dans les textes sacrés de l’hindouisme, en particulier dans les Yoga Sûtra de Patanjali, sous l’appellation de siddhi (en sanskrit : perfections). En Inde, note Dean Radin, « les effets parapsychologiques sont considérés comme des capacités supernormales qu’il est banal de constater chez certains yogis et sâdhu (hommes sacrés) », et ils sont « si bien intégrés dans la culture indienne que presque personne là-bas ne songe à les étudier scientifiquement ». Dans les conceptions traditionnelles orientales (hindouisme, bouddhisme, taoïsme…), les facultés supranormales ne doivent pas être recherchées pour elles-mêmes car elles sont une « distraction » sur la voie de l’éveil spirituel. Leur existence est avérée, banalisée même, mais on ne doit pas s’y arrêter parce qu’on s’y fourvoierait.
Elles sont une distraction sur la voie de l’éveil spirituel
En Occident, au contraire, ces facultés sont largement ignorées par la science mais elles fascinent le grand public, comme on peut en juger par leur omniprésence dans la culture populaire. Les persécutions religieuses les ont reléguées à la sphère ésotérique et occultiste. La mondialisation a rebattu les cartes, mais il se trouve que ces pouvoirs offrent la perspective d’un « homme augmenté » qui serait une alternative intéressante, et « naturelle », à celle du projet trans-humaniste qui repose exclusivement sur une conception matérialiste de l’humain.
Bientôt tous mutants ?
La question de l’évolution est donc depuis longtemps au cœur de la fascination qu’exercent les capacités psi, et elle a pris un tour singulier dans les années 1960 avec le thème de la mutation et du risque nucléaire. Ainsi, les mutants X-Men (aux super pouvoirs de télépathie, de magnétisme, de psychokinèse, d’invisibilité) sont-ils nés dans le contexte d’une contreculture américaine largement influencée par l’hindouisme et les promesses d’accomplissement liées à la pratique du yoga, de la méditation et des arts martiaux. La contribution de l’écrivain Aldous Huxley à l’intérêt pour les « potentialités humaines » – thème qu’il aborda dans une conférence en Californie en 1960 – fut déterminante et conduisit à la création d’un institut de recherche singulier : l’Institut Esalen.
Ces facultés annoncent l’homme de demain
Dans un ouvrage de référence publié en 1992, The Future of the Body (le futur du corps), le cofondateur d’Esalen, Michael Murphy, explique que le potentiel humain inclut toutes sortes de capacités supranormales, des possibilités de perception extrasensorielle telles que la clairvoyance et la télépathie, jusqu’à des phénomènes physiques extraordinaires comme la lévitation ou la bilocation, en passant par les capacités de guérison. Ces facultés annoncent selon lui l’homme de demain, l’humain pleinement réalisé, et cette évolution s’opère par « mutations », une thématique reprise dans la science-fiction et les comics, mais qui se trouve aussi au cœur de l’œuvre d’un Sri. Aurobindo ou d’un Teilhard de Chardin. Dès 1942, le propre frère d’Aldous Huxley, le biologiste Julian Huxley, écrivit que les facultés extrasensorielles seraient dans l’avenir aussi répandues que les dons pour la musique ou les mathématiques.
Notre corps sait.
Cependant, il est inutile d’attendre que la science explique pleinement le psi pour l’appliquer dans différents contextes, y compris non spirituels, car des connaissances pratiques sont acquises. Ainsi, la société IRIS Intuition vient de participer à une campagne de recherches sous-marines en Méditerranée, le projet Oracle, qui reposait pour une part sur « l’archéologie intuitive ». L’intuition et ses dehors plus présentables permettent d’opérer une certaine normalisation du psi. Le projet a impliqué l’association Anao, spécialisée dans la recherche sous-marine et supervisée par un département du ministère de la Culture. En outre, chacun pouvait participer aux recherches en faisant appel à son intuition, grâce à un site Internet dédié. « Notre corps sait, intuitivement, explique Alexis Champion, fondateur d’Iris. Il sait avant même que nous ayons conscience de savoir ! De nombreuses expériences scientifiques mettent en évidence que notre intuition s’exprime avant tout par des et mouvements spontanés inconscients et par du ressenti. Le cœur qui change de rythme, une main ou un doigt qui tressaille, un ventre qui se noue sont autant de signaux dans l’expression de l’intuition. Mais comment repérer ces signes, et surtout comment les provoquer et les décoder pour pouvoir les utiliser à volonté ? La science nous apporte nombre de réponses, et nous parle ici de pressentiment, de diagnostic ou de localisation. »
Nous devons avant tout en chercher le sens
La méthode scientifique a pu montrer que les phénomènes de perception extrasensorielle et de psychokinèse sont réels mais se manifestent le plus souvent dans des proportions très inférieures à ce que la science-fiction en a fait. Pourtant, les dernières expériences réalisées par Dean Radin, sans précédent en termes de magnitude, montrent que des méditants peuvent influencer la matière à l’échelle quantique. Elles semblent confirmer l’hypothèse que la conscience, ou le « psychisme », est capable d’agir sur la matière au niveau des interactions quantiques qui conditionnent la façon dont la réalité se manifeste. Les tentatives théoriques récentes s’appuient sur la notion d’information, et l’idée voulant que la réalité sensible soit la manifestation d’une réalité plus profonde, comme dans l’allégorie de la caverne de Platon, fait son chemin. La reconnaissance des vertus de la méditation, du yoga ou du qi gong ne peut que conduire la science occidentale à percer le mystère de l’énergie subtile supposée être à l’œuvre. De même, les facultés non ordinaires de l’être humain révèlent une nature plus riche et plus profonde. Pour en exploiter le potentiel, nous devons avant tout en chercher le sens.
Source :
INEXPLORÉ le 09/01/2017 - Jocelin Morisson