Ancien policier, Patrick Peytavi est préparateur mental depuis trente ans, à l'origine d'une technique de restructuration du corps émotionnel. Pour cet expert du combat et des arts martiaux, l'être humain est soumis à un stress existentiel dont les dépressions et les burn out forment la même expression.
En cause, un sentiment d'urgence partagé, qui nous impose un flot continu d'informations aux conséquences délétères. Céder à la course folle du temps pourrait bien nous coûter notre joie de vivre...
Vous parlez du flot d'informations qui assaille nos sociétés. Faut-il vraiment chercher à le dominer ?
Oui car on ne se respecte plus en tant qu'humanité. Nous sommes en train de devenir fous. Dans les années soixante-dix, on recevait dix informations par jour : sept bonnes, trois mauvaises et on allait boire un coup. Aujourd'hui, je vois des chefs d'entreprise en asphyxie, qui ont 200 SMS par jour. On ne peut plus gérer, c'est trop lourd. La masse d'informations que l'on s'impose crée une conscience virtuelle qui bloque notre évolution. Plus on engrange d'informations extérieures, plus on reste coincés dans le temps horizontal et moins on peut développer notre verticalité, nous relier au divin. Je crois que l'on doit vraiment se demander si les formes d'intelligence artificielle qui émergent ne vont pas paralyser la conscience. Nous en souffrons tous mais la souffrance est un bon moyen pour commencer à dire stop.
Que révèle cette souffrance que nous partageons selon vous ?
Que nous confondons le bonheur avec le plaisir. Nous vivons dans une société saturée d'informations et plus on traite d'informations par jour, plus cela attise le plaisir. C'est une réponse hormonale, qui crée des addictions mais pas le bonheur. Quand on vient au monde, on nous apprend à comprendre, pas à ressentir. On apprend à devenir intelligent, à traiter des informations, des situations, pas à être intuitif. On cherche le bonheur comme une récompense proportionnelle à des efforts. Les souffrances de l'existence peuvent agir comme un tamis et nous aider à trouver le chemin d'une authentique joie de vivre, qui dépasse la jouissance conditionnée. Le bonheur arrive quand on décide de dire stop.
Pourtant il semble que de plus en plus de personnes dans le monde décident déjà de dire stop ?
Il y a des personnes qui vivent en mode automatique et, en effet, il y a celles et ceux qui ont une conscience dynamique et qui cherchent des réponses. Mais parfois cette quête se fait dans la douleur car on continue à se situer au niveau d'une compréhension. L'intelligence de la compréhension correspond à un besoin de dominer son monde, de le contrôler. Or nous avons besoin de développer de la conscience. Pas la conscience des intellectuels, la conscience du cœur. Accueillir la souffrance c'est déjà se placer dans cette conscience du cœur. Je ne dis pas qu'il faut chercher à avoir mal mais si vous résistez, vous créez une friction. La douleur n'est jamais qu'un code qui porte une signification.
Le corps émotionnel détient des intelligences qui peuvent nous aider à aller à l'essentiel, à s'affranchir du temps et à tendre vers l'éternité
Cela revient à couper le mental et laisser faire le cœur ? Pourquoi couper le mental ?
Au contraire ! On dit partout qu'il faut le débrancher, que ce n'est pas bon d'être « trop dans le mental », mais peut-être qu'on ne sait juste pas le définir et, a fortiori, l'utiliser. Pour moi, il a un rôle à jouer. Le mental est un carburant ; le moteur c'est la conscience et la pensée, le véhicule. Développer la conscience du cœur n'exclut pas de passer par le mental. Quand on utilise son mental uniquement pour penser sa vie, d'abord on comprend, puis on restitue ce qu'on a compris, on évalue et on mémorise pour la prochaine fois. La conscience dont je parle procède différemment : d'abord j'absorbe, je pratique, j'assimile et enfin je comprends, ou plutôt, je sens. Ce travail mène à ce que j'appelle la vision profonde ou l'intelligence des sens.
Comment la souffrance et les émotions négatives peuvent-elles nous aider à développer la conscience du cœur ?
N'est-ce pas dans l'obscur que l'on a le plus de chance d'apercevoir la lumière ? Là, réside la « lumière-énergie », une petite entité qui a besoin d'être nourrie par l'esprit et pilote la vision profonde depuis le troisième œil. Elle donne accès à la clairvoyance et au juste. Le juste est une source, un endroit où résident les réponses que l'on cherche en vain par l'intellect. Cela demande beaucoup de travail de développement personnel et invite à repenser son rapport au temps. Tant que l'on se place dans l'intelligence de la compréhension, la conscience est statique, on subit une pression temporelle, celle de la personnalité. Le temps est horizontal, créé par les groupes humains. Je pose qu'il existe un temps vertical, incréé, celui de l'individualité. Un temps qui est un état, de la lumière pure. Développer de la verticalité permet de passer d'une conscience statique à une conscience spatiale.
Nous relier à cette lumière pure ne risque-t-il pas de nous éloigner du corps et d'une certaine réalité physique du monde ?
Ce n'est pas parce que le travail se fait à travers la conscience, jusqu'à des niveaux inconscients, que c'est abstrait. Apprendre à se relier à cette source lumineuse en soi permet de nourrir des idéaux très concrets. Ce que vous impulsez prend toujours la forme de ce qui se trouve à l'intérieur de vous. Corps énergétique et physique sont étroitement imbriqués : quand un sportif se blesse, on agit au niveau du premier qui rétablit le second. Dans le juste, il n'est plus utile de faire quoi que ce soit parce que les choses viennent à vous. On n'est plus dans la réaction, ce qui a des conséquences réelles très positives. Sur le plan professionnel par exemple, on est dirigé vers ce pour quoi on est fait.
Quel rôle joue la préparation mentale ? Que cherche-t-on à anticiper ici ? Traditionnellement, le préparateur mental intervient auprès des sportifs de haut niveau pour atteindre des objectifs, comme sortir de l'enjeu d'échec ou de réussite. Moi, j'accompagne des particuliers et des entreprises qui ont aussi des objectifs : faire un deuil, retrouver de l'estime de soi, cultiver la bienveillance dans un environnement compétitif. A chaque fois qu'une information vous parvient dans votre journée, elle est balisée par votre interprétation et vos mémoires karmiques, enregistrées depuis le moment de votre conception. C'est comme si vous rouliez sur une autoroute et qu'elles vous faisaient prendre des itinéraires bis, vous déviaient de la vision profonde pour vous faire passer par la route de la compréhension. En séance, des rayons lumineux, associés à des sons, vont réguler vos ondes électromagnétiques et rétablir votre onde de forme initiale, qui n'est autre que l'immunité du corps, que les chocs de la vie altèrent. L'hôpital est venu me voir pour explorer ça, l'université aussi, pour mettre en place des formations au management intuitif, mais je me fiche de la gloire, ce qui m'intéresse c'est le bonheur. Le corps émotionnel détient des intelligences qui peuvent nous aider à aller à l'essentiel, à s'affranchir du temps et à tendre vers l'éternité. Mais la plupart des gens se moquent de l'éternité, ils veulent jouir.
Les gens sont-ils prêts à comprendre avec le cœur ou cela va-t-il encore demander du temps ?
Il y a un égrégore de crainte extrêmement puissant. Pour l'instant, les gens ont du mal à comprendre tout cela, précisément parce que ça ne se « comprend » pas, c'est la lecture du cœur. Quand tu aspires à te transformer de l'intérieur, tu peux commencer par le yoga mais en général, tu finis chez moi. Quand on passe par le cœur, on découvre la joie. Or, le talent se construit avec la joie, on le voit bien dans les apprentissages des enfants. Cultiver cet espace de joie revient à leur enseigner, plus que de la confiance, de l'invulnérabilité. Il n'y a que comme ça que l'humanité redeviendra actrice de sa destinée et sortira d'une conscience statique, intellectuelle, chargée de milliards d'informations virtuelles, qui fait que l'on ne sait plus se servir du mental. Si on ligature la conscience, on n'évoluera pas.
SOURCE INREES 30.01.18
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Toutes les photos de cette page proviennent d'une "cueillette" en juin 2018.