L’homéopathie fait périodiquement l’objet de polémiques. L’argument est toujours le même : les petites granules ne produiraient qu’un effet placebo. Ces discordes n’ont jamais réussi à éradiquer cette médecine qui a le vent en poupe. Alors, qu’en est-il vraiment ? De nombreuses recherches scientifiques plaident en sa faveur, à condition d’ouvrir un nouveau paradigme...
Ce n’est pas tant une question scientifique que dogmatique », indique le Dr Martine Gardénal. Cette médecin du sport de haut niveau, qui a accompagné l’équipe olympique française aux jeux de Los Angeles en 1984 en utilisant l’homéopathie, rappelle que de nombreuses recherches ont maintes fois prouvé les effets de cette médecine. « Le problème des polémiques récurrentes ne se trouve pas dans le manque de résultats scientifiques en faveur de l’homéopathie. Il se trouve dans le fait que pour comprendre cette médecine puissante, il faut élargir le paradigme matérialiste. Il faut sortir de la toute-puissance actuelle de la chimie et prendre en considération les recherches de pointe sur l’électromagnétisme », poursuit la fondatrice de l’école Santé Environnement Vie. Comme l’a indiqué le philosophe des sciences Thomas Kuhn, même lorsque la science apporte les preuves nécessaires à une nouvelle conception des choses, il faut du temps pour que les défenseurs de l’ancien paradigme acceptent le changement. La difficulté serait donc que, pour appréhender l’homéopathie, il faille inclure les dimensions électromagnétiques et informationnelles. Or, pour les tenants du postulat matérialiste, il n’est justement pas concevable que les remèdes homéopathiques puissent transmettre des informations médicinales par le biais de ces ondes. « Pourtant, en l’état actuel des connaissances, nous avons tout ce qu’il faut pour expliquer l’homéopathie. L’homéopathie a des bases scientifiques », souligne le Pr Marc Henry, professeur de chimie à l’université de Strasbourg et chercheur associé au CNRS.
« Surtout, les dispositifs qui permettent de détecter les ondes électromagnétiques se perfectionnent de plus en plus. Le futur ne va cesser de donner raison à l’homéopathie », complète le Dr Gardénal. Inventée en 1796 par le médecin allemand Samuel Hahnemann, l’homéopathie pourrait donc être encore en avance sur son temps. Ce médecin érudit – qui ne possédait pourtant pas les connaissances que nous avons sur l’électromagnétisme – a eu l’idée de diluer des substances médicinales dans de l’eau, pour ne garder que l’essence de leur principe curatif. Un éclair de génie ?
Des signatures électromagnétiques
Les ondes électromagnétiques sont en train d’envahir nos vies – télévision, radio, téléphonie mobile, internet, wifi, etc. Elles gagnent même du terrain au cœur de la médecine allopathique – IRM, électroencéphalogramme, etc. Plus encore, nous savons maintenant que tout corps vivant – végétal ou animal – utilise des signaux électromagnétiques pour fonctionner. Cependant, le fait qu’un remède homéopathique soit conçu en diluant une substance médicinale dans de l’eau est encore mal accepté, tout comme le fait que ce soit l’eau qui capte et retransmette le signal électromagnétique imprimé par cette substance. La pierre d’achoppement n’est donc pas tant que chaque substance émet une signature électromagnétique – ce que nous ne pouvons plus nier –, mais que l’eau puisse capter, garder en mémoire et retransmettre cette signature électromagnétique. Pourtant, « c’est un fait scientifique établi », indique le Pr Luc Montagnier, biologiste virologue, prix Nobel pour la découverte du virus du sida.
La mémoire de l’eau
Pour comprendre cette médecine puissante, il faut élargir le paradigme matérialiste.
Le Pr Vinh Luu, physicien et professeur à la faculté de Montpellier, est considéré comme le précurseur des recherches sur la mémoire de l’eau en France. Par la suite, le Dr Jacques Benveniste, immunologue et chercheur au CNRS puis à l’Inserm, publia en 1988 des travaux semblant mettre en évidence cette surprenante mémoire dans le prestigieux magazine Nature. Cette publication fit l’objet d’une intense controverse, puis d’un rejet académique. Dans les années 2000, le Pr Luc Montagnier décida de reprendre les recherches sur la mémoire de l’eau. Les résultats de ce prix Nobel mettent en avant des faits surprenants. Dans un premier temps, le Pr Montagnier a dilué progressivement un ADN dans de l’eau – comme le fait l’homéopathie. Statistiquement, au bout de la dixième dilution, il ne peut rester aucune trace matérielle de la substance initiale dans le liquide. Le chercheur est allé jusqu’à la vingtième et trentième dilution de l’ADN. Et lorsqu’il a procédé à l’enregistrement des ondes électromagnétiques dégagées par les tubes d’eau dans lesquels il n’y avait plus « rien », il a détecté des signatures électromagnétiques… qui correspondent à l’ADN initial. « Pour moi, cela a été une vraie surprise, je ne m’y attendais pas », précise le prix Nobel dans le documentaire La mémoire de l’eau de Christian Manil. Dans un deuxième temps, le Pr Montagnier a envoyé au laboratoire de l’université italienne de Sannio l’enregistrement électromagnétique d’une de ses dilutions. Les chercheurs italiens ont réussi à reconstituer l’ADN initial, en partant du fichier numérique correspondant à de l’eau où il n’y avait « rien ». « C’est incroyable. Je comprends que des gens soient sceptiques, mais c’est ce qui s’est passé ! », atteste Vittorio Colantuoni, professeur de biologie moléculaire de l’université du Sannio.
Des cages d’eau
L’histoire de la vie s’est déroulée à 90 % dans les océans. Notre corps est fait à 90 % d’eau, si nous comptons le nombre de nos molécules. L’eau est surnommée la « matrice du vivant ». Des chercheurs comme le Pr Montagnier ou le Pr Henry s’intéressent à la capacité qu’ont les molécules d’eau de tisser des liens entre elles et de former des agrégats extrêmement dynamiques. Pourquoi ? Parce que ces « cages » moléculaires semblent capables de capter, stocker et retransmettre des ondes électromagnétiques. Ce phénomène serait à la base de la mémoire de l’eau. « Les recherches scientifiques montrent que l’eau peut créer des domaines de cohérence, piéger des ondes électromagnétiques dans ces agrégats de molécules, et les libérer par la suite », explique le Pr Marc Henry.
La rengaine du placebo
De leur côté, les détracteurs de l’homéopathie pensent que, puisqu’il n’y a rien de matériel dans ses remèdes, son effet ne peut être que celui du placebo. L’effet placebo est déclenché par la croyance qu’a le patient dans le pouvoir de la médecine vers laquelle il se tourne. Cela provoque une autoguérison qui ne dépend pas de la médecine en elle-même. Les études sur le placebo montrent que, quelle que soit la pratique médicale choisie – allopathique ou homéopathique –, celui-ci compte pour au moins 30 % du succès des interventions. Il est donc normal qu’il y ait un effet placebo. La question porte alors sur le fait de savoir si l’homéopathie provoque un effet médicinal supplémentaire. Et là, les arguments sont très clivés. On entend tout et son contraire. Pour exemple : une méta-analyse effectuée par le physicien Klaus Linde en 1997 et publiée dans l’illustre magazine The Lancet indique que l’homéopathie a un effet qui ne dépend pas que du placebo.« Il est peu probable que les effets cliniques de l’homéopathie soient entièrement attribuables à l’effet placebo », écrit le physicien. Cette annonce est remise en question sept ans plus tard, par le même journal. « J’exerce depuis plus de 40 ans et je vois les études batailler les unes contre les autres, comme dans une partie de ping-pong. Je pense qu’il faut surtout souligner qu’il y a un biais majeur dans la majorité de ces études », indique le Dr Gardénal.
La loi des similaires
Le futur ne va cesser de donner
raison à l’homéopathie
Parmi les différents biais listés par les homéopathes – comme le fait qu’il manque trop souvent les études à résultats négatifs produites par l’allopathie –, il en est un qui ressort plus particulièrement. La méthodologie appliquée dans les recherches pharmacologiques n’est pas adaptée au test des médicaments homéopathiques. « Pour la même pathologie, l’allopathie donne le même médicament à toutes les personnes qui en souffrent. L’homéopathie fait l’inverse : pour la même pathologie, elle donne différents médicaments aux différentes personnes qui en souffrent. Par exemple, dans le cas d’otites, une personne va être traitée par le remède Ferrum Phos, alors qu’une autre le sera par Aconite », indique le Dr Gardénal. En effet, un des principes fondamentaux de l’homéopathie est qu’elle ne traite pas la pathologie de manière générique. Elle traite l’expression personnelle d’une pathologie chez chaque personne, individuellement. Du coup, les homéopathes signalent que les études quantitatives, où l’on donne le même médicament à tous les cobayes, ne peuvent pas être adaptées à cette médecine et qu’il faut appliquer des protocoles qualitatifs, permettant de prendre en compte le profil individuel de chaque cobaye. Et cela peut se comprendre lorsque nous étudions le fonctionnement des ondes électromagnétiques. Comment s’optimisent-elles ? Par résonance, c’est-à-dire lorsqu’elles se ressemblent et qu’elles se mettent à vibrer ensemble. Pour avoir un effet bénéfique, l’homéopathie s’appuie sur la loi des similaires : elle stipule qu’il faut trouver le remède qui présente le même profil que celui du patient.
Une médecine holistique populaire.
L’homéopathie est une médecine holistique. Elle prend en compte l’ensemble de l’état physique, émotionnel, mental de son patient et cherche à repérer quel est son profil unique. Par ailleurs, les remèdes homéopathiques ne provoquent pas les effets secondaires des médicaments allopathiques. Est-ce pour cela que cette médecine est de plus en plus populaire ? « L’homéopathie est surtout une médecine efficace dont je n’ai cessé de constater les effets », indique le Dr Gardénal. L’homéopathie se développe en France à partir de 1835, lorsque Samuel Hahnemann vient vivre à Paris. Ses remèdes sont maintenant vendus dans toutes les pharmacies. Par ailleurs, une étude Ipsos de 2015 indique que 77 % des Français la considèrent comme une médecine crédible et que 56 % disent l’utiliser. Ils n’étaient que 39 % en 2004. L’homéopathie représente donc à la fois un énorme marché – 620 millions d’euros selon les chiffres 2017 du cabinet OpenHealth – et un domaine dans lequel l’Hexagone possède une expertise. Les tenants de l’homéopathie se demandent pourquoi ce savoir-faire, auquel la moitié des Français choisit d’avoir recours, n’est pas davantage valorisé par les directives ministérielles. « Je ne suis pas inquiète pour le futur de l’homéopathie, qui prend de l’essor partout dans le monde. Je trouve surtout dommage que la France ne se donne pas les moyens de développer son expertise. Surtout que de plus en plus d’experts de la santé annoncent que les médecines énergétiques sont les médecines de demain », conclut le Dr Martine Gardénal.