Une campagne de mesure du gaz radioactif radon dans l’habitat a eu lieu dans la vallée de la Bruche, au printemps dernier. Une centaine de foyers ont été testés. Les résultats ont été livrés début août : 17 % des logements dépassent les concentrations admises comme non nocives.
Dans le cadre du troisième plan régional santé-environnement et dans la perspective du Contrat local de santé médico-social (CLSMS), une campagne de mesure de la présence de cet élément a été lancée au printemps dernier, dans la vallée de la Bruche, en partenariat avec la Collectivité européenne d’Alsace (CEA).
Le secteur bruchois particulièrement exposé
La communauté de communes de la vallée de la Bruche a été choisie car « elle comporte le plus grand nombre de villages classés en zone 3 », explique Michel Marquez, référent radon de l’association Atmo Grand Est*, missionnée pour chapeauter cette étude. En effet, sur les 26 communes du secteur, 25 sont implantées sur un sol à potentiel radon significatif. Seule Muhlbach-sur-Bruche est de niveau 1, le plus bas, n’exposant que peu au risque radon.
Une première campagne de ce genre avait été lancée dans l’agglomération de Saint-Dié, en 2019 et 2020, où le risque radon est également marqué.
La réglementation sur le radon a évolué en 2018. Le territoire français comportait, auparavant, 31 départements à potentiel radon élevé. Désormais, cette classification a été affinée, commune par commune. Celles-ci sont référencées en niveaux 1, 2 et 3 : concentration potentielle en radon faible, moyenne, élevée.
C’est la nature géologique du terrain qui est en cause. Ainsi que la présence d’uranium. Le radon est issu du radium, lui-même étant un « descendant » de l’uranium, qui se transforme avec le temps.
La porosité du sous-sol et l’humidité sont des facteurs qui influent sur sa diffusion. « De nouveaux territoires en Alsace ont été identifiés comme devant faire l’objet d’une surveillance particulière », indiquent les différents partenaires de l’opération de mesures réalisée dans le secteur de la vallée de la Bruche.
La surveillance du radon a été élargie aux ERP (établissements recevant du public), notamment des écoles et des crèches situées en zone 3. L’école d’Andlau, par exemple, a été contrôlée en début d’année.
Pour les particuliers, il n’y a pas d’obligation de mesure du radon dans l’habitat. Les acquéreurs ou les locataires de logements situés dans des zones à potentiel radon élevé doivent cependant en être informés, au moment de l’achat ou de l’entrée dans les lieux.
Pour réduire son exposition au radon, il faut étanchéifier les dalles des pièces de vie en contact direct avec le sol, un sous-sol ou une cave. Les logements doivent être suffisamment ventilés et aérés (au moins dix minutes par jour, hiver comme été).
Enfin, les fumeurs présentent un risque accru d’affection des voies respiratoires, en cumulant tabac et exposition au radon. 1200 à 2900 personnes décéderaient, chaque année en France, suite à un contact prolongé avec ce gaz radioactif, selon les estimations officielles.
Dans la vallée de la Bruche, une centaine de foyers volontaires ont accepté d’installer chez eux deux dosimètres, de février à avril. Le premier devait être placé au rez-de-chaussée de l’habitation, le second au premier étage, au moins durant deux mois. Le test devait se faire « durant la période de chauffe », souligne Michel Marquez. Et donc d’occupation du logement. Les testeurs ne devaient pas modifier leurs habitudes de vie.
Les dosimètres, très simples d’emploi, comportent un détecteur solide de traces nucléaires (DSTN), composé notamment d’un film en nitrate de cellulose. C’est ce dernier qui enregistre les particules alpha émises par le radon.
Les impacts de ces particules sont ensuite révélés par un procédé chimique, comme pour un film photographique argentique. Le nombre de traces est compté par une caméra haute définition, qui permet de calculer l’activité volumique moyenne du radon durant la période de mesure. Le résultat est exprimé en Becquerel par mètre cube (Bq/m3 ).
À la suite du déploiement de ces dosimètres, le radon a pu être quantifié dans 93 logements. 83 % de ces habitations « ont présenté des concentrations inférieures au seuil de référence de 300 Bq/m3 fixé par la Commission européenne et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) », a fait savoir l’Agence régionale de santé (ARS) du Grand Est.
Les 17 % restants montraient des concentrations supérieures, dont certains à plus de 1000 Bq/m3. Les occupants de ces logements seront contactés par l’ARS « afin d’effectuer des mesures complémentaires et d’aider les personnes à réduire le niveau d’émission du radon dans leur intérieur », souligne Michel Marquez.
Une deuxième phase à l’automne
Une deuxième phase de test sera mise en place pour le grand public de la vallée de la Bruche, à l’automne. « Cette opération est en construction. Nous organiserons une réunion ouverte à tous, afin, notamment, d’exposer les enjeux du radon, précise le référent d’Atmo* Grand Est. Nous présenterons également la plateforme qui permettra de s’inscrire pour recevoir des dosimètres, dans un nombre limité ». D’autres campagnes de ce type sont « en cours de réflexion » pour toute la région Alsace.
On peut effectuer soi-même un test, en commandant des dosimètres (entre 25 € et 30 € l’unité), analyse comprise (adresses sur le site web de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire : irsn.fr). « Mais on ne recevra aucun conseil, juste le résultat brut », précise Michel Marquez. Des organismes agréés par l’IRSN peuvent aussi effectuer des mesures à domicile.
*Atmo Grand Est est une association agréée de surveillance de la qualité de l’air, qui gère un réseau de mesure de la pollution atmosphérique avec 180 analyseurs répartis dans 78 stations. Elle accompagne également les collectivités dans le cadre des Plans climat.
Rappel
Radioactif, le radon est présent dans la nature, entre autres dans l’écorce terrestre. Les zones les plus concernées correspondent aux formations géologiques naturellement les plus riches en uranium. Elles sont localisées sur les grands massifs granitiques (Massif armoricain, Massif central, Corse, Vosges, etc.), ainsi que sur certains grès et schistes noirs.
Le radon est présent dans l’air, le sol, l’eau, mais le risque pour la santé résulte pour l’essentiel de sa présence dans l’air et de la possibilité d’être inhalé par des organismes vivants. Environ huit fois plus dense que l’air, il peut toutefois s’introduire dans les pièces habitées, par des fissures ou des passages entre caves et pièces supérieures.
Le radon est invisible, inodore et incolore. C’est l’exposition prolongée qui est dangereuse. Il est un facteur cancérigène certain, pour les poumons. En France, il est la deuxième cause connue de ce cancer des voies respiratoires.
SOURCE
Dernières Nouvelles d'Alsace, édition du 11 août 08.2021.
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